En Birmanie, la normalisation en trompe-l’œil de Rangoun

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Des Birmans font le salut à trois doigts, symbole de la protestation, lors d’une manifestation contre le coup d’Etat, à Rangoun, le 21 mai 2021.

A Rangoun, rue Pandomar, quatre restaurants-bars se succèdent, portes fermées, dans le quartier habituellement animé de Sanchaung, en plein cœur de la ville. La poussière et le sable se disputent les trottoirs, le silence domine dans ce qui était un lieu de fête et de résistance : « C’est triste de voir notre ancien champ de bataille vide », explique une ancienne employée d’ONG aujourd’hui au chômage, qui souhaite garder l’anonymat pour raison de sécurité, comme l’ensemble de nos interlocuteurs.

Durant le mois de mars, la rue était hérissée de barricades tenues par des jeunes armés de boucliers de fortune et de casques de chantier, fiers de réclamer la démocratie. Les barricades ont disparu en avril, les habitants parfois forcés de les démonter eux-mêmes sous la menace du canon d’un officier. La ferveur et l’énergie des manifestants birmans se sont heurtées à la violence des militaires, qui ont tiré à l’arme automatique : après plus de 50 morts dans le township de Hlaing Thar Yar, en périphérie de Rangoun, mi-mars, plus de 80 civils ont été tués à Bago, le 9 avril, 70 kilomètres plus à l’est, la plus meurtrie des villes birmanes. On dénombre 827 morts dans tout le pays.

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Alors qu’un couvre-feu est toujours en vigueur à Rangoun, les abribus témoignent de la reprise en main des rues par l’armée : les centaines de tags et appels à la liberté des mouvements de protestation de février ont été recouverts de peinture blanche et noire. Il n’y a presque plus de manifestations, ces dernières sont réduites à des flashmobs, des mobilisations éclair, à l’image de la centaine de jeunes ayant défilé, pour quelques minutes seulement, lundi 24 mai à Rangoun, avant de se disperser pour échapper à la police. Devant la Shwedagon, la pagode sacrée couverte d’or au centre de Rangoun, stationnent désormais des militaires. A l’intérieur de l’enceinte peuvent être aperçus des policiers armés, le fusil entre les mains, surveillant les passants qui accélèrent le pas et gardent la tête baissée.

« C’est maintenant que nous avons besoin d’aide »

A la répression s’est ajoutée la nécessité de relancer l’économie après plus de trois mois d’arrêt. Depuis mai, les entreprises cherchent à rouvrir une par une dans la capitale économique, mais font face à une crise des liquidités. Chaque jour, des centaines de personnes font la queue devant les rares distributeurs automatiques encore alimentés en billets de banque. Retirer de l’argent est devenu un vrai parcours du combattant.

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