En Belgique, une quatrième tentative pour sortir de la crise et éviter un retour aux urnes

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Le roi Philippe reçoit Joachim Coens, président des chrétiens-démocrates flamands, le 10 décembre 2019 à Bruxelles.
Le roi Philippe reçoit Joachim Coens, président des chrétiens-démocrates flamands, le 10 décembre 2019 à Bruxelles. DIRK WAEM / AFP

Le roi Philippe a effectué, dans la soirée du mardi 10 décembre, sa quatrième tentative pour tenter de sortir la Belgique de la crise qu’elle traverse, un an après la chute du gouvernement de Charles Michel, sept mois après les élections législatives. Le chef de l’Etat a désigné de nouveaux « informateurs » : Joachim Coens, président des chrétiens-démocrates flamands (CD&V), et Georges-Louis Bouchez, leader du Mouvement réformateur (MR, libéral francophone). Deux néophytes, élus tout récemment à la tête de leur parti.

La veille, Paul Magnette, président du Parti socialiste, avait demandé au roi de le décharger de sa mission. Il avait tenté de jeter les bases d’une coalition dite « arc-en-ciel », regroupant la gauche socialiste, les écologistes et les libéraux. Cette alliance n’aurait disposé que d’une voix de majorité à la chambre des députés mais, aurait, dans son esprit, pu être appuyée, ou renforcée, par les centristes chrétiens.

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De quoi déclencher la colère du premier parti de Flandre – et du pays –, l’Alliance néoflamande (N-VA), la formation indépendantiste de Bart De Wever, exclue de cette éventuelle coalition. Après avoir rencontré M. Magnette samedi, il avait, dans son style habituellement imagé, jugé que le socialiste wallon avait dans la bouche le goût de « la bouillie arc-en-ciel » laquelle devrait, disait-il, lui être enlevée avec « du dentifrice flamand ». M. De Wever concentre aussi le tir sur les libéraux flamands, accusés de trahison parce qu’ils ne rejettent pas le principe d’une coalition avec les socialistes francophones, que le maire d’Anvers accuse de vouloir dilapider les « milliards » de la Flandre.

Ecarter la pire des hypothèses

D’autres Flamands, anciens alliés de la N-VA au sein d’un « cartel », feront peut-être pencher la balance : les chrétiens-démocrates hésitent à opter pour une coalition qui apparaîtrait, de fait, comme essentiellement antinationaliste. M. Coens, le président du CD&V, avait dès lors indiqué que le parti de M. De Wever devait être impliqué dans les tractations pour la mise en place d’un gouvernement fédéral.

Si certains observateurs s’attendaient à la désignation de M. De Wever comme nouvel « informateur », le palais royal en a décidé autrement et a décidé de confier à M. Coens lui-même la tâche d’approcher le parti nationaliste. « Ma plus grande préoccupation est de faire en sorte que l’électeur flamand soit confronté à une gouvernance dont il n’a pas voulu », a rapidement tweeté M. De Wever, en disant son « espoir » que l’hypothèse de l’« arc-en-ciel » soit définitivement écartée.

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La décision du roi Philippe apparaît, en réalité, comme un essai de prolongation de la mission de M. Magnette. Et, aussi, comme une volonté d’écarter ce qui est considéré comme la pire des hypothèses : un retour aux urnes qui ne ferait probablement que conforter l’extrême droite en Flandre et la gauche en Wallonie, et donc creuser un peu plus le fossé entre les régions.

« Parler avec tout le monde »

Après sa désignation, M. Bouchez s’est dit convaincu qu’une solution à la crise serait trouvée. « Ce n’est pas parce que c’est compliqué que c’est impossible », a commenté le jeune président libéral. M. Coens a, lui, simplement précisé qu’il parlerait « avec tout le monde » avant de faire rapport au roi, avec son collègue, le 20 décembre. Ces deux présidents, incarnant les courants politiques les plus proches de la N-VA, pourront-ils impliquer celle-ci dans les négociations ? Dans ce cas, ils éloigneraient les partis francophones (socialiste, écologiste, centriste chrétien) qui refusent toute collaboration avec les nationalistes et rejettent son programme de démantèlement de l’Etat fédéral. La reconduction de la coalition antérieure, au sein de laquelle la N-VA faisait la loi face à un seul parti francophone, le MR de Charles Michel, est quant à elle impossible : il lui manquerait 13 sièges à la Chambre…

Face à cette situation chaotique, la tâche qui est confiée aux informateurs semble donc bien être d’impliquer M. De Wever mais aussi « d’ouvrir des portes pour mieux les refermer », commente un éditorialiste, en parlant de « surréalisme ». En clair, il s’agit de démontrer que, même si elle est dominante, la N-VA peut être contournée. Quitte à confronter une majorité « arc-en-ciel », aussi large que fragile, à un tir constant des nationalistes d’autant plus nerveux qu’ils sont soumis en outre à la pression de l’extrême droite : le Vlaams Belang a fortement progressé au détriment de la N-VA en mai, passant de 3 sièges à 18 tandis que son adversaire reculait de 33 à 25.

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Si l’option de l’« arc-en-ciel » était finalement retenue, il resterait à négocier un programme impliquant six, voire huit partis, confrontés notamment à un déficit budgétaire galopant et à des objectifs climatiques qui sont loin d’être atteints : le royaume est très en retard dans ce domaine, classé 35e au rang mondial pour ce qui est de la lutte contre les émissions nocives et l’efficacité énergétique. Une telle coalition n’échapperait pas, en outre, à de nouvelles discussions sur l’avenir institutionnel du pays : ce n’est sans doute plus une « simple » crise politique que vit la Belgique, mais une véritable crise de régime.

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