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MAXAR TECHNOLOGIES / via REUTERS
FactuelLes météorologues et services d’urgence du pays avaient alerté sur la virulence de la saison des feux.
Depuis la fin août 2019, le sud-est de l’Australie est confronté à une saison des incendies exceptionnellement précoce et virulente. Pour les météorologues, aucune surprise. Elle est le résultat de trois phénomènes simultanés. Le réchauffement climatique, d’abord, est responsable d’un temps plus chaud et plus sec favorable aux feux de brousse. Depuis 1910, le pays a connu une hausse des températures d’environ un degré, en moyenne, et dans le sud-est, les précipitations ont baissé de plus de 10 % ces trois dernières décennies.
Parallèlement, en 2019, une phase positive inhabituellement forte du dipôle de l’océan Indien (souvent appelé le « Niño indien » en raison de sa similitude avec son équivalent du Pacifique), a davantage fait grimper le thermomètre et réduit la pluviométrie. L’année a été la plus chaude et la plus sèche jamais enregistrée, aggravant la sécheresse qui frappait déjà l’est du pays depuis 2017. Enfin, une phase négative de l’oscillation antarctique – une variation de la pression atmosphérique qui affecte la circulation des vents dans l’hémisphère Sud – a fait souffler sur cet environnement hautement inflammable des vents d’ouest chauds et secs.
L’île Kangourou dévastée
Dès avril 2019, un groupe formé de vingt-trois anciens responsables des pompiers et des services d’urgence avait demandé à rencontrer le chef du gouvernement, Scott Morrison, pour l’appeler à prendre des mesures afin que le pays se prépare à une saison des feux potentiellement catastrophique. Sans succès. Il ne les a pas reçus.
Depuis son arrivée au pouvoir en août 2018, l’élu conservateur, peu sensible aux questions climatiques, n’a adopté aucune politique qui permettrait à son pays de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26 % à 28 % en 2030 par rapport à 2005 – l’objectif modeste auquel s’est engagé Canberra lors de la COP21 à Paris en 2015. Il a, en revanche, constamment défendu les intérêts de l’industrie minière. Le charbon a fait la fortune du pays qui dispose des quatrièmes réserves de la planète. Il représente également des dizaines de milliers d’emplois. Selon Scott Morrison, interrogé le 23 décembre 2019, il serait « irresponsable » de lui tourner le dos.
Dès le début du printemps austral, comme les spécialistes le redoutaient, le pays a pris feu. Des centaines de brasiers se sont allumés le long de l’océan Pacifique. A l’ouest de Sydney, deux gigantesques incendies ont progressé pour former un arc de feu autour des grandes banlieues de la métropole. Juste avant le réveillon du Nouvel An, c’est la pointe sud-est du pays qui est partie en fumée, obligeant des milliers de personnes à se réfugier sur les plages. En Australie-Méridionale, l’île Kangourou, réputée pour sa nature préservée, a été en partie dévastée. Dans la plupart des grandes villes, les habitants sont confrontés à des niveaux de pollutions parmi les pires au monde.
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