En Argentine, l’affaire Santiago Maldonado, disparu dans une rivière après une charge de la gendarmerie, fait toujours débat

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Une photo de Santiago Maldonado lors d’une manifestation à l’appel d’organisations des droits humains, le 11 août 2017, sur la place de Mai, à Buenos Aires.
Une photo de Santiago Maldonado lors d’une manifestation à l’appel d’organisations des droits humains, le 11 août 2017, sur la place de Mai, à Buenos Aires. EITAN ABRAMOVICH / AFP

« Où est Santiago Maldonado ? » Pendant plus de deux mois, cette question, lancinante, peinte sur les murs de Buenos Aires, avait envahi les réseaux sociaux en Argentine. Cet artisan de 28 ans installé en Patagonie avait disparu le 1er août 2017 alors qu’il participait à une manifestation de la communauté indienne Mapuche dans le village de Cushamen, sur la route 40 de la province de Chubut, dans le sud de l’Argentine. Le rassemblement avait été violemment réprimé par la gendarmerie aux abords de la rivière Chubut.

Des messages publiés dans tout le pays, et même à l’étranger, étaient apparus sur Facebook et Twitter pour médiatiser le sort du jeune homme. Le hashtag #SantiagoMaldonado était devenu un cri de ralliement numérique. La photo du disparu avait été épinglée partout : un visage doux, encadré d’une barbe et de cheveux longs. Et un regard grave qui interpellait les passants.

Santiago, qui ne savait pas nager, s’était-il noyé en tentant de fuir les gendarmes qui le poursuivaient ? Ou avait-il été arrêté, frappé puis embarqué dans un fourgon de la gendarmerie, comme l’ont assuré des témoins ? L’enquête piétinant, le gouvernement avait proposé à qui retrouverait le jeune homme une récompense de près de 30 000 dollars (environ 27 000 euros).

« Violence institutionnelle »

La famille Maldonado, elle, avait accusé la gendarmerie d’avoir « fait disparaître » Santiago, affirmant qu’il s’agissait d’un cas de « disparition forcée » dans le cadre d’une « violence institutionnelle commise par un Etat démocratique ». Amnesty International avait lancé une campagne pour exiger une réponse immédiate de l’Etat. « Ni militant ni activiste », selon son frère, Sergio, le jeune disparu avait « très à cœur la cause des communautés indigènes » du pays, raison pour laquelle il était allé soutenir leur action, destinée à exiger la libération du chef mapuche Francisco Jones, incarcéré depuis le mois de juin. Cette communauté indigène réclame depuis des années de récupérer des terres ancestrales achetées par l’homme d’affaires italien Luciano Benetton, propriétaire de 900 000 hectares en Patagonie.

A l’époque, la procureure générale chargée de l’affaire, Silvina Avila, avait alors modifié le motif de l’enquête, dont l’intitulé était devenu « disparition forcée de personne », ce qui impliquait de facto les forces de l’ordre comme principales suspectes dans l’affaire, à la requête de la famille Maldonado.

Mais coup de théâtre, le 17 octobre 2017, le cadavre de Santiago était découvert, après plus de deux mois de recherche, dans la rivière Chubut, qui avait pourtant été ratissée à plusieurs reprises. Selon l’autopsie, Santiago Maldonado était mort noyé dans les eaux glaciales de la rivière. Cette découverte macabre avait ébranlé la société argentine et le gouvernement à la veille des élections législatives de mi-mandat du dimanche 22 octobre.

Dès la disparition de Santiago, le gouvernement de centre droit de Mauricio Macri avait rejeté toute responsabilité de la gendarmerie. Mais dans un pays marqué par la répression de la dictature militaire (1976-1983) et ses 30 000 disparus, la disparition du jeune homme avait déclenché une immense vague d’indignation. Le cas Maldonado était devenu une affaire d’Etat. C’était la première fois, depuis les années de plomb, qu’une instance de l’Etat était soupçonnée d’avoir fait disparaître un opposant.

Enorme manifestation

Les défenseurs des droits de l’homme s’étaient mobilisés, exigeant « la réapparition, sain et sauf » de Santiago Maldonado. Une semaine après la disparition du jeune homme, le 2 septembre, une énorme manifestation, durement réprimée, avait eu lieu à Buenos Aires devant le Congrès, et dans d’autres villes, en province, de même que plusieurs rassemblements organisés devant les ambassades et consulats d’Argentine sur tout le continent américain et en Europe pour demander des comptes au gouvernement.

A Buenos Aires, diverses organisations de défense des droits de l’homme – dont celles des Mères et des Grands-Mères de la place de Mai, fondées par des familles de disparus de la dictature militaire –, avaient interpellé la ministre de la sécurité, Patricia Bullrich. Prix Nobel de la paix en 1980 pour sa défense des droits humains, l’artiste Adolfo Perez Esquivel, lui, avait ouvertement rendu l’Etat responsable, sommant la ministre de démissionner.

« Notre lutte pour la vérité et la justice continue », la famille de Santiago Maldonado

Depuis le début de l’affaire, le discours du gouvernement argentin avait changé à de multiples reprises, niant tout d’abord toute responsabilité de la gendarmerie (« J’ai la ferme conviction que la gendarmerie n’est pas responsable », avait affirmé la ministre de la sécurité), véhiculant l’idée selon laquelle Santiago serait « passé à la clandestinité », voire aurait été assassiné par les Mapuche de Cushamen, qualifiés de « terroristes » par Mme Bullrich.

A la veille du deuxième anniversaire de la disparition de Santiago, jeudi 1er août, la famille Maldonado a demandé à la justice la réouverture du dossier, dénonçant notamment des contradictions dans les résultats de l’autopsie. « Notre lutte pour la vérité et la justice continue », affirme la famille, qui réclame « une enquête indépendante et impartiale ». Avec les slogans « assez d’impunité » et « l’Etat est responsable », la famille Maldonado a appelé à une nouvelle marche, jeudi 1er août, sur la place de Mai.

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