En Argentine, « c’est devenu un luxe de boire du lait »

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Avec la crise, la pauvreté explose. A un mois des élections générales, le Congrès a augmenté le budget de l’Etat destiné aux aides alimentaires.

Publié le 30 septembre 2019 à 01h35

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Des enfants mangent dans une soupe populaire de la banlieue de Buenos Aires, en Argentine, le 17 septembre.
Des enfants mangent dans une soupe populaire de la banlieue de Buenos Aires, en Argentine, le 17 septembre. NATACHA PISARENKO / AP

Le comedor Señor de los Milagros se niche au cœur d’un petit bidonville du centre de Buenos Aires. Du lundi au vendredi, une quinzaine de femmes cuisinent et distribuent ici des repas chauds aux familles du quartier. « Il y a toujours plus de monde, certains viennent de loin », indique Susana Cardenas, l’une des gérantes de cette cantine qui dépend de l’organisation sociale La Dignidad (la dignité) et dont la majorité des aliments lui sont livrés par le ministère argentin du développement social.

Des provisions qui viennent à manquer depuis plusieurs mois. « Le plus urgent, c’est le lait pour les enfants. On n’en reçoit plus suffisamment, déplore Susana Cardenas. C’est devenu un luxe d’en boire. » En un an, son prix a augmenté de près de 90 %. La consommation par habitant se situe à son niveau le plus bas depuis 2003.

« Le secteur alimentaire est le plus touché par l’inflation [55 % en un an]. Et cela affecte en premier les familles pauvres qui consacrent la majeure partie de leurs revenus à la nourriture », souligne Candelaria Botto, professeure d’économie à l’Université de Buenos Aires. La moitié des enfants argentins vit actuellement sous le seuil de pauvreté.

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« La situation sociale s’est fortement dégradée », confirme Mariana Heredia, sociologue chercheuse au Conseil national de recherches scientifiques et techniques (Conicet). « Les salaires n’augmentent pas au rythme de l’inflation. Le pouvoir d’achat des Argentins se réduit peu à peu : ils remplacent le bœuf par du poulet, le poulet par des saucisses, les saucisses par des pâtesEt en viennent à sauter des repas. »

Une fillette tient une pâtisserie dans une soupe populaire de la banlieue de Buenos Aires, en Argentine, le 17 septembre.
Une fillette tient une pâtisserie dans une soupe populaire de la banlieue de Buenos Aires, en Argentine, le 17 septembre. NATACHA PISARENKO / AP

35 % d’Argentins sous le seuil de pauvreté

Mi-septembre, après des semaines de mobilisation d’organisations politiques et sociales, les parlementaires ont prorogé jusqu’en 2022 une loi d’urgence alimentaire. Ce texte avait été adopté en 2002, lors de la dernière grande crise ayant dévasté l’Argentine. Le Congrès a aussi voté une augmentation de 50 % du budget de l’Etat alloué aux aides alimentaires, qui doit permettre d’approvisionner plus régulièrement les organisations luttant contre la faim, comme le mouvement La Dignidad. Au comedor Señor de los Milagros, en tout cas, « on n’a encore rien vu arriver », dénonce Susana Cardenas.

Pour Mme Heredia, « cette loi était nécessaire, mais ce n’est pas une solution durable. L’Argentine n’a pas découvert la pauvreté en 2015 [date de l’arrivée au pouvoir du président de centre-droit Mauricio Macri, candidat à sa réélection le 27 octobre]. Il y a une pauvreté structurelle très difficile à éliminer. Depuis les années 1970, le pays compte au moins 25 % de pauvres. »

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