En Allemagne, la mémoire des camps à un tournant

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23.01.2020 Bergen-Belsen, Germany


Memorial Stones and visitor.
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Bergen-Belsen Memorial / Cemetery Historical Grounds of the Camp
Photo:©Irving Villegas

IRVING VILLEGAS POUR « LE MONDE »

Par

Publié aujourd’hui à 02h02

Jens-Christian Wagner est inquiet. Début janvier, le directeur, depuis 2014, des mémoriaux du Land de Basse-Saxe, dans le nord de l’Allemagne, a décidé de sonner l’alarme pour dénoncer l’augmentation du nombre de « provocations » perpétrées lors des visites de l’ancien camp de Bergen-Belsen, un des lieux de mémoire dont il a la responsabilité. A l’approche des commémorations du 27 janvier, date du 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz et Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah, ses propos ont eu un retentissement considérable en Allemagne, bien au-delà de la presse locale qui, la première, les a relayés.

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Il faut dire que le tableau brossé par M. Wagner est sombre. Dans son bureau de la ville de Celle, situé dans une petite maison du XVIIIe siècle qui fut le siège local de la SS sous le IIIReich, à une vingtaine de kilomètres de Bergen-Belsen, cet historien de 53 ans cite quelques-uns des incidents survenus dans l’ancien camp au cours de l’année 2019. Parmi eux, la venue d’un youtubeur très connu dans les milieux négationnistes, qui a pris à partie des employés du mémorial en mettant en doute les injections mortelles de phénol administrées aux déportés dans l’infirmerie du camp. Quelques jours plus tard, le même homme s’était fait remarquer dans l’ancien camp de Dachau (Bavière), en demandant à l’accompagnatrice d’un groupe scolaire si elle était juive.

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Autre exemple : la visite houleuse d’une classe de lycée, au cours de laquelle une poignée d’élèves a tenté de déstabiliser la guide, en soutenant que le nombre élevé de morts à Bergen-Belsen, en particulier dans les derniers mois de la guerre, était moins lié à la volonté criminelle des nazis qu’aux difficultés d’approvisionnement causées par les bombardements alliés. Ou encore en affirmant que la situation des déportés à Bergen-Belsen – connu notamment à travers la figure d’Anne Frank, morte du typhus en mars 1945, à l’âge de 15 ans – n’était pas plus dramatique que celle des soldats allemands internés dans les Rheinwiesenlager, ces camps installés par les Américains, près du Rhin, au moment de la chute du IIIe Reich.

La tombe d’Anne Frank et de sa mère, au Mémorial de Bergen-Belsen (Allemagne).
La tombe d’Anne Frank et de sa mère, au Mémorial de Bergen-Belsen (Allemagne). IRVING VILLEGAS POUR « LE MONDE »

« Virage à 180 degrés »

Ces arguments n’ont rien de neuf. « C’est le discours révisionniste classique, qui s’est fixé dès la fin des années 1940 et n’a pas changé depuis », rappelle M. Wagner. La nouveauté, en revanche, c’est le cadre dans lequel ils sont désormais proférés et le profil des propagateurs de tels discours. « Les néonazis au crâne rasé prêts à faire de la provoc dans les camps, il y en a toujours eu, confie M. Wagner. Mais, aujourd’hui, c’est plus raffiné. Le youtubeur auquel nous avons eu affaire est propre sur lui, parle bien et se présente comme un “éducateur du peuple” soucieux de rétablir la “vérité” face à l’histoire officielle. Quant aux élèves, ils sont la preuve qu’il y a maintenant des profs qui les briefent très précisément avant leur visite. » Depuis, les responsables du mémorial ont appris que l’enseignante qui accompagnait ce groupe de lycéens avait remplacé son collègue à l’origine de la visite, déclaré malade à la dernière minute. Un homme connu, d’après M. Wagner, pour sa proximité avec le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).

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