En Allemagne, extrême gauche et extrême droite veulent rouvrir le dossier de la réunification

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Die Linke et l’AfD réclament une commission d’enquête sur la Treuhand, l’agence chargée de privatiser les entreprises de l’ex-République démocratique allemande (RDA) entre 1990 et 1994.

Par Publié le 08 juillet 2019 à 01h32

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LETTRE DE BERLIN

Il y a généralement de quoi être inquiet quand des dirigeants politiques s’aventurent sur le terrain des historiens, a fortiori quand ils le font avant des élections. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille considérer leur démarche d’un simple haussement d’épaule. Même fortement nourri d’arrière-pensées, l’intérêt pour le passé est toujours le symptôme de quelque chose.

Ce qui se joue ces temps-ci en Allemagne autour de la Treuhand en est la parfaite illustration. Créée en 1990, l’année de la réunification, cette agence fut chargée de privatiser les entreprises de l’ex-République démocratique allemande (RDA). Dissoute en 1994, voilà qu’elle intéresse à nouveau plusieurs responsables politiques du pays.

C’est le cas de Dietmar Bartsch, président du groupe Die Linke (gauche radicale) au Bundestag. Mi-avril, cet élu de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, l’un des « nouveaux Länder », selon l’expression encore utilisée en Allemagne pour désigner les ex-régions de RDA, a réclamé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le rôle de la Treuhand. « Beaucoup de plaies sont encore à vif et beaucoup de ces plaies ont été ouvertes par la Treuhand », a-t-il expliqué.

Les ratés de la réunification

De l’autre côté du spectre politique, d’autres lui ont emboîté le pas. A l’instar de Jürgen Pohl, du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). « Si on cherche à savoir d’où viennent les inégalités de développement entre l’Est et l’Ouest, il faut commencer par regarder ce qu’a fait la Treuhand », a déclaré, début mai, ce député de Thuringe, autre Land d’ex-RDA. Chargé des sujets relatifs à l’est du pays au sein du groupe AfD du Bundestag, il a promis de convaincre ses collègues de l’AfD de « soutenir la proposition de commission d’enquête faite par Die Linke ».

L’intérêt porté à la Treuhand par ces deux députés n’a rien d’étonnant. C’est dans l’ancienne Allemagne de l’Est que Die Linke et l’AfD sont le plus implantés. Bien qu’issues de cultures politiques opposées, ces deux formations courtisent en partie le même électorat populaire qui a le sentiment, trente ans plus tard, de toujours payer les ratés de la réunification.

La concomitance de leur démarche, elle non plus, n’a rien de fortuit. La rentrée, en Allemagne, aura en effet un parfum très Est-Ouest. Non seulement parce que sera célébré, le 9 novembre, le 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Mais aussi parce qu’auront eu lieu, auparavant, trois élections régionales, toutes organisées en ex-RDA : le 1er septembre en Saxe et dans le Brandebourg, puis le 27 octobre en Thuringe. Des scrutins décisifs pour Die Linke, qui compte conserver en Thuringe sa seule présidence d’un Land, mais aussi pour l’AfD, qui a des chances d’être pour la première fois la principale force politique dans deux assemblées régionales, celles de Saxe et du Brandebourg.

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