En Algérie, une rente pétrolière en voie d’essoufflement

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Face à la chute du cours du baril, Alger peine à se lancer dans une diversification industrielle qui bousculerait trop d’intérêts acquis.

Par Frédéric Bobin Publié aujourd’hui à 11h05, mis à jour à 11h05

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Des manifestants, le 22 février, à Oran, Algérie.
Des manifestants, le 22 février, à Oran, Algérie. RAMZY BENZAADI / COLLECTIF 220

A première vue, l’agitation dans les rues d’Alger et ailleurs dans le pays est strictement politique, motivée par l’hostilité à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, et nullement d’ordre socio-économique. Nul slogan contre la vie chère ou le chômage. Mais le blocage du système sur le plan politique, qu’illustre la crise actuelle, a aussi une dimension économique lourde de périls : l’attentisme officiel face à la nécessité de refondre un modèle de rente pétrolière en voie d’érosion. Les deux immobilismes sont inextricablement liés, car l’équilibre politique entre clans – arbitré par la figure tutélaire de M. Bouteflika – est aussi, et peut-être surtout, un consensus entre groupes d’intérêts autour de la répartition des ressources tirées des hydrocarbures, qui représentent 95 % des exportations et 60 % des recettes fiscales.

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Or les mises en garde ne manquent pas sur la fragilité de cette rente pétrolière qui avait jusque-là financé – et très généreusement – la paix sociale depuis le début des années 2000. Dans un rapport publié en novembre 2018, International Crisis Group (ICG) avait souligné le « caractère d’urgence » d’une réforme d’un modèle « à bout de souffle ». C’est que la chute du cours du pétrole (le baril est passé de la fourchette 80-110 dollars sur 2011-2013 à 40-60 dollars sur 2015-2017) a durablement affecté les équilibres financiers algériens.

Les déficits « jumeaux » – budgétaire et de la balance courante – devraient se situer au-delà du seuil des 10 % en 2019. Les réserves de change fondent inexorablement, handicapant la marge de manœuvre stratégique d’Alger. Elles sont passées de 193 milliards de dollars en 2013 (environ 170 milliards d’euros) à 85 milliards de dollars fin 2018 (environ 75 milliards d’euros), soit une chute de plus de la moitié. Dans ce contexte, le dinar n’en finit pas de glisser (il a perdu 40 % de sa valeur face au dollar depuis 2014), au risque de nourrir des tensions inflationnistes.

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En toute logique, l’impasse annoncée de cette rente pétrolière devrait imposer une remise à plat des priorités du gouvernement. C’est une vieille affaire, un serpent de mer du débat sur la politique économique en Algérie. Voilà plus d’une décennie que l’impératif d’une « diversification industrielle » est brandi par les experts. Les officiels semblaient y avoir prêté une oreille attentive, comme l’avait illustré la tenue en 2006 des Assises nationales de l’industrie. La volatilité des cours du pétrole n’est pas le seul argument qui plaide en ce sens.

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