« En Algérie, l’inquiétude a cédé la place à la fierté »

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L’Etat doit répondre aux revendications du peuple avec la même maturité politique qui s’exprime dans la rue, estime la philosophe Razika Adnani dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h30, mis à jour à 08h48 Temps de Lecture 3 min.

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Le contexte

Pour la première fois en vingt ans, des dizaines de milliers d’Algériens sont descendus dans les rues des grandes villes du pays, le vendredi 22 février, pour dire « non » à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Vieil homme malade, âgé de 82 ans, le chef de l’Etat a fait annoncer par son équipe de campagne que son dossier de candidature sera remis au Conseil constitutionnel, le dimanche 3 mars, dernier délai pour le dépôt de candidature du scrutin présidentiel prévu le 18 avril 2019. Les manifestants, surtout des jeunes qui se sentent humiliés par cette « mascarade », appellent à trois jours de grève générale à partir du vendredi 1er mars. A la veille de cette nouvelle journée de protestation, une dizaine de journalistes algériens, participant, à Alger, à un rassemblement contre la censure , ont été interpellés par la police puis libérés quelques heures plus tard.

Tribune. Le 22 février, les Algériens sont sortis dans toutes les grandes villes algériennes pour manifester contre le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, président depuis vingt ans et, de surcroît, malade et absent de la scène politique. Ils revendiquaient des élections présidentielles dignes d’une Algérie indépendante. Quand l’appel à cette manifestation a été donné, les Algériens, en Algérie et dans le monde entier, ont retenu leur souffle. Suspendus à leurs écrans à l’affût de toute information. Tiraillés par la peur et l’angoisse.

Tous voulaient ces manifestations, car tous voulaient exprimer leur refus de ce mandat, mais tous avaient le cœur rempli d’inquiétude. Ils avaient peur des scènes de violence, de casse, de pneus brûlés, de jeunes blessés ou arrêtés, et de « qamis » blancs courant dans les rues d’Alger. Cependant dès que les images de ces manifestations ont été retransmises, l’inquiétude a cédé la place à la fierté. C’était un après-midi incroyable et magistral.

Le droit de choisir démocratiquement

Le peuple a été au summum de la maturité politique. Il s’est exprimé de la manière la plus sage, la plus lucide, la plus intelligente et la plus civilisée. Il est sorti de son silence sans violence, ni heurts. Il a contrecarré toutes les hypothèses des plus grands analystes politiques. Les années de terrorisme et les expériences malheureuses de certains peuples ont très probablement beaucoup à voir avec cette maturité qui ne s’exprime pas seulement dans le rejet de la violence, mais aussi à travers les revendications soulevées. Les Algériens ne veulent pas mettre le gouvernement du pays dans les mains d’un homme en fin de parcours politique et en fin de vie. Ils revendiquent leur droit de choisir démocratiquement à qui confier leur avenir.

Ils ne veulent pas non plus se contenter d’une photo d’un président, ils veulent avoir un vrai président qui leur parle et réponde à leurs questions et leurs préoccupations. S’ils n’ont jamais oublié la guerre et la violence, ce qui explique en grande partie la maturité avec laquelle ils se sont exprimés, ils désirent vivre dans un pays en paix qui leur permette également l’épanouissement social, intellectuel, culturel et économique. La majorité de ceux qui ont manifesté et continuent de le faire partout dans le pays sont des jeunes. Ils rêvent d’un pays où ils pourront vivre dignement et où la justice et la liberté seront les principes. Ils ne souhaitent pas partir en quête d’une autre terre qui puisse les adopter. Qu’y a-t-il de plus légitime ?

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