En Algérie, la purge des proches de Bouteflika

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L’armée, détentrice du pouvoir, donne des gages à la contestation mais s’oppose pour l’instant à une transition.

Par Madjid Zerrouky Publié aujourd’hui à 11h14

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Manifestation à Alger, le 30 avril, près du tribunal où l’ex-premier ministre Ahmed Ouyahia est entendu.
Manifestation à Alger, le 30 avril, près du tribunal où l’ex-premier ministre Ahmed Ouyahia est entendu. RAMZI BOUDINA / REUTERS

Alors que les Algériens s’apprêtaient de nouveau à manifester, vendredi 17 mai, pour exiger un changement de régime, ce sont des pans entiers du « système Bouteflika » qui défilent au tribunal. Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, anciens premiers ministres sous Abdelaziz Bouteflika, et près d’une cinquantaine de responsables ont été entendus, jeudi, par le procureur d’Alger. Selon la télévision nationale, ils étaient convoqués dans le cadre des enquêtes visant l’oligarque Ali Haddad, ancien patron des patrons, incarcéré début avril.

La justice algérienne a lancé récemment plusieurs enquêtes pour des faits de corruption contre des personnalités liées à l’ancien président, qui a démissionné le 2 avril. Outre Ali Haddad, plusieurs hommes d’affaires, soupçonnés d’avoir obtenu des marchés publics grâce à leurs liens avec l’entourage de M. Bouteflika, ont été placés en détention provisoire ces dernières semaines.

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Détenteur de fait du pouvoir, le chef de l’état-major, Ahmed Gaïd Salah, qui avait juré de rester « au service du moudjahid Bouteflika jusqu’à la mort », dans les mois qui ont précédé sa démission, semble déterminé à abattre l’entourage du vieux président sortant. Après les « oligarques » et premières fortunes du pays et deux anciens chefs des services de renseignement – les généraux Mohamed Médiène et Athmane Tartag –, le frère cadet de l’ex-président, Saïd Bouteflika, a été arrêté et incarcéré le 4 mai.

De nombreux observateurs craignent que cette offensive judiciaire ait pour double objectif d’apaiser la contestation en lui offrant des « têtes » qui symbolisent la corruption, tout en servant de prétexte à une purge au sein du pouvoir dans le cadre des luttes de clans.

Indifférence et sarcasmes

« C’est d’abord une demande populaire, il ne faut pas l’oublier, rappelle Noureddine Benissad, avocat et président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme. Ce sont des symboles du régime et de l’impunité marqués par leur proximité avec la grande délinquance financière et les oligarques, qui ont prospéré grâce à ces hommes. Il n’y a pas de corruption sans protection politique, et le système politique lui-même est corrompu. [Le pouvoir] essaie donc de répondre à cette demande sociale. »

M. Benissad critique cependant cette célérité de la justice, qui obéit aux injonctions de l’armée : « On ne peut pas imaginer une indépendance de la justice dans le cadre du système actuel. Et les Algériens ont compris que la revendication principale reste le changement de système. Seul un profond changement permettra de créer les conditions d’une justice réellement indépendante. »

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