En Afrique du Sud, « l’Eglise a tout fait pour passer sous silence l’abus sexuel que j’ai subi »

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Premier à dénoncer les agressions d’un prêtre en Afrique du Sud, William Segodisho s’est heurté à un mur, avant d’obtenir des excuses.

Par Adrien Barbier Publié aujourd’hui à 11h03

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A Durban, en Afrique du Sud, en juin 2018, lors d’une manifestation notamment contre les agressions sexuells commises sur des enfants.
A Durban, en Afrique du Sud, en juin 2018, lors d’une manifestation notamment contre les agressions sexuells commises sur des enfants. RAJESH JANTILAL / AFP

William Segodisho a été agressé sexuellement de 1986 à 1989 par un prêtre jésuite britannique en poste à Johannesburg. En octobre 2018, avec le soutien d’associations d’aide aux victimes de violences sexuelles, il a livré son témoignage détaillé en conférence de presse. Une prise de parole inédite qui a fait de lui l’affaire la plus emblématique de pédophilie dans l’Eglise catholique en Afrique du Sud.

Dans la foulée, le prêtre incriminé, William MacCurtain, s’est publiquement excusé et William Segodisho devrait être dédommagé. Mais son histoire est aussi celle d’un combat acharné mené contre l’Eglise, pour que celle-ci reconnaisse son calvaire et que le responsable soit poursuivi. Ce qui, trente ans après les faits, n’est toujours pas le cas.

Lire aussi l’éditorial du « Monde » : L’Eglise et la pédophilie, les ravages de l’omerta

Selon son récit poignant, il n’était qu’un enfant des rues de 13 ans lorsque, recueilli dans un refuge, le « père Bill » l’a pris sous son aile. Ce dernier lui paie ses frais de scolarité dans des écoles privées, l’invite au restaurant, l’emmène en vacances. En échange, « tout ce que j’avais à faire, comme il disait, c’était de lui apporter un peu de plaisir », a t-il expliqué. Le père l’initie à l’alcool, abuse sexuellement de lui chaque week-end pendant de longs mois dans l’enceinte même de la cathédrale du Christ-Roi de Johannesburg, où il officie, et le viole à plusieurs reprises.

« Ils me répétaient que je mentais et rejetaient la faute sur moi »

En 1989, William n’en peut plus et informe la hiérarchie du prêtre qui, l’année suivante, est renvoyé au Royaume-Uni. Mais pour le jeune homme d’alors 17 ans, c’est la descente aux enfers. Parce que ses frais de scolarité ne sont plus pris en charge, son école le met à la porte. Il se retrouve de nouveau à la rue, sombre dans la drogue, fait de la prison. Et pendant toutes ces années, il retourne très souvent à l’église où il a subi les sévices du père Bill, où on refuse obstinément de l’entendre.

« Ils me répétaient que je mentais et rejetaient la faute sur moi. Ils disaient que s’il s’était passé quoi que ce soit, c’était sûrement moi qui avais tenté le prêtre. Ils ont tout fait pour passer mon cas sous silence », se remémore aujourd’hui William.

« Arrangement financier »

Dans un ultime acte de désespoir, il entreprend, en 2001, une grève de la faim devant l’église. « Ils m’ont trouvé un avocat avec lequel ils ont négocié un arrangement financier de 25 000 rands [environ 2 500 euros à l’époque] pour que je puisse voir un psy et reprendre des études », poursuit-il.

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