En Afrique du Sud, aux racines d’une haine des étrangers

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Publié aujourd’hui à 14h08

Depuis ces jours d’émeutes anti-étrangers, début septembre, où l’Afrique du Sud est apparue sous un jour hideux, la tension est retombée. En apparence. Les activités ont repris dans les quartiers où ont eu lieu la majorité des agressions, les vols, les lynchages, les assassinats. On a rebâti les murs écroulés, réparé les portes enfoncées, rempli les étagères pour rouvrir les boutiques mises à sac. Certains commerçants, ruinés, ont disparu, mais qui s’en préoccupe quand, en dépit de ce retour à la normale en surface, les signes de la « xénophobie » continuent d’agiter en profondeur ? Les insultes, les vexations n’ont pas cessé.

Les actes de violence, plus sporadiques, n’ont pas disparu à l’échelle du pays. Ils sont juste enfouis sous une chape de normalité, renforcée par le fait qu’entre décembre et janvier, les activités sont presque suspendues dans le pays. Lors des vacances de Noël, des millions de personnes quittent, chaque année, les bassins d’emploi, comme le Gauteng où se situe Johannesburg, pour retrouver maisons et familles lointaines qu’ils n’ont pas vues depuis un an. Certains traversent l’Afrique du Sud vers leur région d’origine, d’autres s’en vont vers les nations d’Afrique australe dont ils sont originaires, empruntant des routes de « travailleurs migrants » plus anciennes que les pays où ils vivent.

Une vaste transhumance

Ces trajets ne sont que l’ultime épreuve de l’année : quarante-huit heures de bus non-stop pour les employés originaires du Malawi, qui vivent en célibataires toute l’année en Afrique du Sud dans l’attente de ces retrouvailles. Si la période des fêtes correspond à une trêve, cette vaste transhumance est liée, en réalité, à un problème fondamental qui continue de bouillonner sous la surface, et en constitue même les racines historiques, celui du ressentiment croissant contre les migrants, qu’ils viennent de l’intérieur du pays ou de l’extérieur.

Famille Mndaweni à Sophiatown, Johannesburg, en 1945.
Famille Mndaweni à Sophiatown, Johannesburg, en 1945. BLD COLLECTIVE

Souvent qualifié de « xénophobie » faute de mieux, le ressentiment contre les habitants du pays nés au-delà des frontières, s’est installé depuis longtemps en Afrique du Sud. Les enquêtes d’opinion du Southern Africa Migration Program (SAMP, Programme sur les migrations en Afrique australe), un réseau international d’organisations, ont montré à quel point l’ensemble de la société sud-africaine, toutes catégories sociales confondues, considérait les étrangers comme l’une des sources principales des difficultés que traverse le pays au quotidien.

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Le chômage, les écoles dysfonctionnelles, la violence au quotidien (sur la période 2018-2019, plus de 21 000 personnes ont été tuées en Afrique du Sud – une moyenne de 58 victimes par jour –, avec un nombre de meurtres en augmentation de 35 % au cours des sept dernières années, selon l’Institute for Security Studies de Pretoria) ou encore l’état de délabrement de la santé publique : tout cela serait la faute des amakwerekwere (pluriel de kwerekwere, signifiant « un étranger, une personne dont la langue maternelle est incompréhensible »). Ce sentiment en forme de ressentiment s’accompagne, à certains moments, d’accès de violence dont certaines occurrences ont été encore plus meurtrières que celle du mois de septembre.

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