En Afrique de l’Ouest, une ruée vers l’or à hauts risques

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Un orpailleur artisanal sur le site de Nsuaem-Top, au Ghana, le 24 novembre 2018.

De nouveaux rêves d’eldorado s’agitent des forêts tronçonnées du centre de la Côte d’Ivoire jusqu’au plateau du Djaddo, dans les confins désertiques du nord du Niger. Depuis la découverte d’un filon d’or saharien allant du Soudan jusqu’en Mauritanie, de pauvres hères, les principales compagnies du secteur mais aussi les groupes djihadistes actifs au Sahel se sont mis à la recherche du précieux métal jaune. L’Afrique de l’Ouest se situe désormais au troisième rang des zones les plus riches en terrains aurifères sur la planète, après l’Australie et le Canada.

Trois pays de la sous-région font aujourd’hui partie des 20 principaux producteurs mondiaux d’or. Le Ghana est devenu le premier producteur du continent, avec 147 tonnes extraites en 2019, devant le Mali (73 tonnes) et le Burkina Faso (64 tonnes). Pour ces trois pays, comme pour le Niger, l’or est le premier produit d’exportation.

Evolution du cours de l’or, en dollars par gramme

Classement des premiers producteurs d’or en 2019 (en tonnes)

Part de l’or dans les exportations, par pays, en %

Largement « sous-explorée », la région attire un nombre croissant d’acteurs étrangers, comme les Canadiens de Barrick Gold, Iamgold et Endeavour Mining ou l’australien Perseus Mining. Mais si l’essentiel de la production est assuré par des industriels, l’orpaillage clandestin touche tout le Sahel et fait vivre des millions d’orpailleurs artisanaux. Le phénomène a pris une ampleur considérable ces dernières années, au risque de conflits territoriaux entre industriels et artisans, avec le danger de voir des activités agricoles délaissées au profit d’une quête de fortune immédiate.

… par les grands groupes étrangers

Mines les plus importantes et nationalité des compagnies qui les détiennent

Autres mines en activité ou en développement

Zone à forte minéralisation aurifère

…par les orpailleurs illégaux et les groupes djihadistes

Zone d’orpaillage artisanal

Zone d’influence des principaux groupes armés (septembre 2020)

Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaida

Autres groupes liés à Al-Qaida

Organisation Etat islamique dans le grand Sahara

Zone d’influence secondaire

Principales attaques contre des mines ou des miniers par des groupes terroristes

L’autre inquiétude est que ce trafic puisse profiter aux réseaux djihadistes. En novembre 2019, l’organisation International Crisis Group (ICG) alertait sur le fait que depuis 2016, au Mali, au Burkina Faso et au Niger, « des groupes armés, y compris djihadistes, trouvent dans les mines d’or une nouvelle source de financement, voire un terrain de recrutement ». D’ailleurs, selon le centre d’analyses norvégien Rhipto, les revenus liés à l’or des groupes armés auraient augmenté de 25 à 40 % en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19 et de la fermeture des frontières, qui ont rendu d’autres sources de revenus plus difficiles à maintenir.

Carte réalisée avec l’aide de Christian Nellemann, directeur de Rhipto – Norwegian Center for Global Analyses.
Sources : Rhipto ; UNDSS, 2020 ; V. Markwitz, West African Mineral Atlas Monograph, 2015 ; Acled, 2021 ; The Observatory of Economic Complexity ; Goldprice.org ; Minesandmetals.com ; Mining.com ; R. Chevrillon-Guibert et G. Magrin, « Ruées vers l’or au Soudan, au Tchad et au Sahel », Bulletin de l’association de géographes français, 2018 ; Le Monde.
Cartographie Le Monde : Flavie Holzinger et Riccardo Pravettoni.

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