« En Afghanistan, les dommages d’une politique étrangère américaine chaotique »

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Faute d’une politique cohérente, Donald Trump ayant imposé puis rompu au dernier moment des négociations avec les talibans, les Etats-Unis peuvent être amenés à terme à négocier dans des conditions encore plus difficiles, analysent, dans une tribune au « Monde », les chercheurs Adam Baczko et Gilles Dorronsoro.

Publié aujourd’hui à 07h00 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. La procédure d’impeachment contre le président Trump lancée par la Chambre des représentants le 24 septembre a, entre autres effets, celui de paralyser assez largement la politique extérieure américaine. Les diplomates du département d’Etat et les agents du renseignement sont entravés par une administration qui politise ouvertement la gestion des dossiers et dont la conduite est toujours plus imprévisible et irrationnelle, comme en témoigne la gestion chaotique du dossier syrien.

Cette crise ouverte accélère la personnalisation croissante de la politique extérieure marquée par l’affaiblissement du National Security Council et le poids croissant des conseillers extérieurs (Rudy Giuliani, différents commentateurs de Fox News, etc.). Si l’on ajoute l’entrée en campagne en vue de l’élection présidentielle de novembre 2020 et le délai entre l’élection du président et l’installation d’une nouvelle équipe, la politique étrangère américaine ne reprendra un cours normal – dans le meilleur des cas – qu’au printemps 2021.

Incroyable désorganisation

La politique afghane des Etats-Unis nous montre les conséquences concrètes de cette incroyable désorganisation. Rappelons que le président Trump a demandé au négociateur américain, Zalmay Khalilzad, et à son équipe de conclure rapidement un accord avec les talibans pour achever le retrait des troupes américaines avant la présidentielle américaine. Cette contrainte explique que les Américains ont essentiellement cédé aux demandes des talibans, en dépit de l’absence de garanties concernant l’organisation Etat islamique et Al-Qaida.

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Ces négociations ont installé les talibans comme des interlocuteurs crédibles pour l’ensemble des pays de la région et au-delà, ce qui constituait un objectif majeur de l’insurrection. De plus, tout le processus ayant été mené en dehors du régime de Kaboul, l’avenir de l’Afghanistan se décidait de fait en dehors de son gouvernement légal. Or, après avoir payé le prix politique de la reconnaissance politique des talibans et s’être ainsi aliéné le gouvernement afghan, le président Trump a annulé la rencontre prévue avec eux à Camp David le 11 septembre (un choix de date pour le moins maladroit…) et a déclaré, dans le même mouvement, que les négociations étaient « dead » (« mortes »). La raison précise de cette volte-face de dernière minute n’est pas connue, y compris chez les diplomates américains. Elle n’implique pas un retour à la situation initiale, la reconnaissance de la légitimité des talibans étant désormais un fait acquis.

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