« En 1989, personne n’était préparé à ce bouleversement »

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Même s’il avait œuvré à la rendre possible, Mikhaïl Gorbatchev a été, comme les dirigeants occidentaux, pris de court par la chute du Mur. Celle-ci a finalement mené à sa propre chute politique et à l’échec de son rêve de « maison commune » européenne, explique, dans une tribune au « Monde », son ex-conseiller.

Publié aujourd’hui à 07h00 Temps de Lecture 9 min.

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[Historien, politiste, spécialiste des relations internationales, ancien conseiller de Mikhaïl Gorbatchev, dont il fut le porte-parole officiel d’août à décembre 1991, Andreï Gratchev est établi depuis cette date en France. Invité de plusieurs établissements universitaires européens, il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, notamment Gorbatchev. Le pari perdu ? De la perestroïka à l’implosion de l’URSS (Armand Colin, 2011) et Un nouvel avant-guerre ? Des hyperpuissances à l’hyperpoker (Alma, 2017).]

Tribune. Tout le monde a été pris au dépourvu, le 9 novembre 1989 à Berlin, par la chute du Mur. A commencer par les Berlinois eux-mêmes qui parvenaient à peine à croire à la disparition de cette sinistre barrière qui avait divisé depuis 1961 leur pays, leurs familles, leurs destins. Mais aussi les politiques ouest-allemands. Le chancelier Helmut Kohl (1930-2017) se trouvait alors en visite officielle en Pologne et, partageant avec Lech Walesa – alors leader du syndicat Solidarnosc – ses réflexions sur les perspectives de l’unification allemande, il notait mélancoliquement qu’il ne s’y attendait pas de son vivant.

Quant aux alliés occidentaux, à commencer par les Français et les Britanniques et jusqu’aux Américains, ils étaient aussi stupéfaits par les images de l’effondrement de ce symbole que partagés entre plusieurs craintes. Tout en redoutant une possible réaction violente de Moscou avec le retour de la politique soviétique à sa version la plus dure des années de guerre froide (avec ou sans Gorbatchev à la tête de l’Etat), ils s’inquiétaient des nouvelles incertitudes qu’allait provoquer, pour leur statut de puissances victorieuses et occupantes, la perspective inattendue de l’unification allemande.

Mais même le leader soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, par qui ce bouleversement historique était en train d’arriver, n’était pas mieux préparé à voir la chute du Mur, qui ajoutait un souci de plus à la liste déjà surchargée des réformes qu’il devait affronter. Il avait interprété son accueil triomphal en République fédérale d’Allemagne (RFA), en juin 1989, comme l’approbation enthousiaste de sa politique de perestroïka [reconstruction] et de glasnost [transparence].

En réunion avec ses conseillers, tard dans la soirée du 9 novembre, il a dû entendre une vérité dérangeante : « Mikhaïl Sergueïevitch, sachez que, pour les Allemands, vous êtes avant tout porteur de la promesse de l’unification de leur nation. » Visiblement embarrassé, Gorbatchev a rétorqué impulsivement : « Mais ils doivent être conscients que, pour le moment, c’est impossible ! »

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