Emplois: quand des jeunes trouvent leur… tasse de thé

0
136

[ad_1]

Depuis deux ans, Sandeep Pudaruth, 20 ans, travaille avec son père dans des champs de thé, à Nouvelle-France.

Depuis deux ans, Sandeep Pudaruth, 20 ans, travaille avec son père dans des champs de thé, à Nouvelle-France.

Il est 10 h 45, ce vendredi 10 mai. Armé de cisailles vissées à un bidon en plastique entaillé à Nouvelle-France, Sandeep Pudaruth, 20 ans, scrute de jeunes pousses et effeuille des arbustes. «On doit prélever les feuilles les plus tendres comme elles sont plus juteuses», lâche le jeune homme. Après avoir siroté son thé vers 5 heures du matin, il se hâte vers les plantations pour rester dans le «karo» de thé. Un domaine qui ne cesse de se dynamiser, d’autant qu’un investisseur chinois devrait bientôt fouler notre terrain, soutient le ministère de l’Agro-industrie.

Depuis deux ans, Sandeep Pudaruth désherbe les champs, procède au taillage des arbustes matures et cueille les jeunes feuilles. Ravin Pudaruth, son père, confie que ces champs existent depuis environ 75 ans. «J’exerce dans les champs depuis quatre ans après une carrière dans le transport. Mon fils et mon neveu de 17 ans mettent aussi la main à la pâte», dit-il. Et d’ajouter qu’il vend les récoltes à deux usines.

Le secteur agricole, pourtant connu pour son désintéressement par les jeunes, ne semble pas faire peur à Sandeep Pudaruth. En effet, précise-t-il, c’est un métier «facile» qui requiert toutefois de la patience. «Il faut faire des efforts et des sacrifices, comme se réveiller tôt. Il y a de l’avenir dans le thé.» Qu’il pleuve ou qu’il vente, le jeune homme se pare de son imperméable et s’affaire aux champs.

De son côté, Akshay Gooly, 25 ans, s’attelle à la cueillette de thé depuis cinq ans. Il travaille à intervalles de trois à quatre fois par semaine pendant quelques heures. «Le thé a fait vivre mes grands-parents, parents et proches. C’est un héritage que je continuerai à cultiver. Les jeunes ont une mauvaise perception, croyant que c’est un métier fait pour les laboureurs. Il y a pourtant des perspectives pour eux. Moi, j’étudie la comptabilité. Je suis Sales Advisor et, en même temps, je suis dans le thé.»

Akshay Gooly de faire ressortir qu’il «encourage d’autres jeunes à travailler dans ce domaine pour avoir des revenus supplémentaires». Ces revenus mensuels, selon nos interlocuteurs, varient entre Rs 5 000 et Rs 10 000 pour un travail des champs. D’ailleurs, Akshay Gooly avance qu’il ne compte pas lâcher l’affaire… «Je vais chercher d’autres champs et maintenir cet emploi. C’est un plaisir de travailler dans un champ de thé.»

Pour sa part, Sharon, 27 ans, s’est spécialisée dans l’histoire du thé. Guide touristique, elle est employée par le groupe Saint Aubin depuis quatre ans. «J’ai tout appris avec un autre guide. L’histoire du thé est fascinante et j’adore la transmettre», avouet- elle. Ainsi, pour chaque visite, elle conte les étapes de la fabrication du breuvage fétiche des Mauriciens. Du séchage, au broyage, à la fermentation, la cuisson et l’emballage, entre autres, la jeune femme maîtrise la recette à la lettre. Il est dommage, déplore-t-elle, que les jeunes ne s’emballent pas plus pour ce milieu gorgé de connaissances.

D’autant qu’actuellement, le thé connaît un regain en popularité. Manilall Dhoboj, secrétaire de la Grand-Port/Savanne Cooperative Tea Federation et de la Nouvelle-France Cooperative Tea Marketing Society, souligne les récentes mesures prises par l’État pour redynamiser la production. «Les planteurs se donnent beaucoup de mal pour cultiver les champs abandonnés et augmenter les plantations. Les jeunes s’y intéressent car leurs parents ont déjà les champs. Cette génération y exerce parfois à temps partiel pour joindre les deux bouts. On les voit venir au petit matin avant le boulot et même en fin d’après-midi.»

Selon lui, il faut maintenir les efforts pour que Maurice devienne autosuffisant. Car parallèlement à la demande locale, celle des touristes a augmenté. D’ailleurs, comme le soutient la guide Sharon, le thé à la vanille demeure le best-seller des visiteurs. «Il y a définitivement un intérêt accru des nouvelles générations pour le secteur du thé. Bien que nous n’ayons pas les chiffres, il y a tant de jeunes impliqués à temps partiel et à plein-temps dans cette culture de leur propre chef ou avec leurs parents qui y sont déjà engagés», conclut un employé du ministère.

En chiffres

Une hausse de 4 %. C’est la prévision du National Agricultural Products Regulatory Office pour la superficie totale sous culture de thé pour 2019. Selon le ministère de l’Agroindustrie, des augmentations sur la récolte de feuilles et de thé sont aussi escomptées. Alors que les chiffres pour cette année sont actuellement compilés, ceux de 2018 indiquent une culture de 656 hectares contre 574 en 2015, soit une hausse de 14,3 %. Parallèlement, l’an dernier, la récolte de thé était de 8,056 tonnes comparée à 6,732 tonnes en 2015. Quant à la production, le volume était de 1,470 tonne en 2018 contre 1,295 en 2015. Toujours en 2018, l’exportation était de 40,47 tonnes vers la France, La Réunion, la Chine, l’Australie, l’Angleterre, les Seychelles, entre autres. Quant à la consommation locale, elle devrait s’élever à 1 550 tonnes. Présentement, le prix est de Rs 18,50 pour les planteurs par kilogramme de feuilles vertes fournies à l’usine.

Des mesures pour réchauffer le thé

Plusieurs démarches ont permis de rebooster le secteur. En effet, à Curepipe, un Tea Nursery a vu le jour. Il est dédié à la production de plantules. Et actuellement, les autorités procèdent au nettoyage et à la préparation d’environ 60 arpents identifiés comme terres d’État. Elles seront louées à des planteurs et coopératives de thé. Des remboursements de la taxe sur la valeur ajoutée sont également perceptibles sur les équipements. Certains matériaux sont d’ailleurs fournis gratuitement.


[ad_2]

Source link

Lexpress

Have something to say? Leave a comment: