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«On ne reconnaissait plus Maurice, ni les gens qui étaient dans la rue.» Ce sont les paroles de Véronique Topize, la veuve du chanteur Kaya. L’express l’a rencontrée dans le cadre du tournage du film de Selven Naidu et d’un reportage par la même occasion.
Les souvenirs de ces émeutes sont toujours vivants. Les plaies ont cicatrisé à la surface, mais leurs croûtes demeurent fragiles. Il faut d’abord se repasser les images de ce février sombre. Il faut revoir les rues hostiles, rencontrer les gens qui étaient en plein cœur de ce soulèvement populaire.
Pour les proches de Kaya, les manifestants affichaient une colère justifiée. «Les gens étaient en colère, tellement en colère. Mais est-ce qu’à l’époque, les gens avaient tort d’être en colère ? Non, parce que Kaya avait chanté deux jours avant sa mort et il allait bien», poursuit Véronique Topize.
C’est aussi ce que pense Nitish Joganah, l’ami du chanteur. «C’était traumatisant. C’était un moment difficile parce que je sentais que c’était la fin pour mon pays. Cela faisait très peur», soutient-il.
Difficile de dire exactement où ont commencé les émeutes. Le dimanche où meurt Kaya en cellule, son épouse avait décidé d’emmener les enfants à la plage pour qu’ils se changent les idées. C’est là qu’un proche l’a rejointe pour l’annoncer que le chanteur est malade. En le voyant, elle devine que c’est bien plus grave. Véronique Topize raconte alors qu’à son arrivée à l’hôpital Victoria, Candos, une foule de gens y était déjà.
Quelques heures plus tard, lorsqu’elle transporte la dépouille de son époux vers l’hôpital du Nord, pour une contre-autopsie, la foule est toujours présente, à Roche-Bois cette fois-ci. Les routes sont bloquées, les gens se révoltent déjà contre les policiers. Nitish Joganah se souvient qu’à Quatre-Bornes, la foule commençait aussi à s’emporter. Alors que la colère grondait déjà dans les villes comme Rose-Hill ou Port-Louis.
Jasmine avait la trentaine à l’époque. Elle habitait cité Kennedy. Maman de trois enfants, elle se souvient des émeutes de 1999 comme si c’était hier. Elle avait laissé sa petite dernière chez ses parents à Vacoas, où c’était encore calme. «À l’époque, mon mari et son frère étaient à fond dans les préparatifs, mais ce sont les informations qui circulaient qui semaient le désordre. On avait appris qu’un groupe de personnes allait venir plus tard pour nous attaquer. Ils étaient effectivement venus avec des cocktails Molotov. Cette nuit-là, nous avions quitté notre maison pour trouver refuge chez notre voisin», avance Jasmine.
Ce soir-là, c’est chez Régis Olivier, qui avait à l’époque 45 ans, que Jasmine et deux de ses enfants s’installent. Son mari et Régis sont, eux, dans la rue à veiller. Un groupe de femmes et d’enfants sont montés à l’étage de la maison des Olivier. «Ma maison était assez grande. Nous avions mis les femmes et les enfants à étage pour éviter que les émeutiers les trouvent s’ils parvenaient à entrer dans la maison», soutient Régis Olivier.
À la tombée de la nuit, le 22 février, Régis Olivier et ses autres voisins évoqueront trois barrages. «Il y avait trois issues pour accéder à la cité. Nous avions mis des gens dans chacune des entrées. Ils disaient beaucoup de choses. Ce sont les rumeurs qui ont fait le plus de mal à l’époque. Mais il y a eu plus de peur que de mal à la cité Kennedy», témoigne Régis Olivier.
Il se souvient que le lendemain, des femmes enjambaient les murs de l’hôpital Victoria par peur. Elles pensaient être en sécurité dans l’enceinte de l’établissement. Au même moment, à cité Ste-Claire, à Goodlands, à cité Vallijee, à Camp-Levieux, à Coromandel, à Bambous, à Triolet, à Grand-Gaube, à Pailles, à Roches-Bois et à Ste-Croix, la colère prenait de nouvelles dimensions.
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