Egor Joukov, blogueur russe condamné pour l’exemple, libéré par la rue

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Egor Joukov, à sa sortie du tribunal, à Moscou, vendredi 6 décembre.
Egor Joukov, à sa sortie du tribunal, à Moscou, vendredi 6 décembre. KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

Il y eut d’abord le verdict, asséné comme une évidence : « coupable ». Pour la justice russe, Egor Joukov, 21 ans, est sans conteste coupable d’activités « extrémistes » parce qu’il a diffusé sur Internet des vidéos à caractère politique. L’étudiant, blogueur célèbre, y fait le constat d’une « impossibilité à vaincre le système en jouant avec ses règles », et appelle à « lutter durement » contre ce système… tout en précisant à de multiples reprises que cette lutte doit être « pacifique ».

Une évidence, car les tribunaux russes concluent à la culpabilité des accusés dans 99,8 % des cas. L’affaire Joukov a été instruite à charge dès l’arrestation du jeune homme au mois d’août, en marge des manifestations estivales pour des élections libres. Durant les deux jours de procès, les experts convoqués par la défense n’ont pas eu le droit de s’exprimer.

Il y eut ensuite, plus surprenant, l’énoncé de la peine. L’étudiant Joukov est certes condamné à trois ans de prison, mais avec sursis, assorti d’une interdiction de s’exprimer sur Internet durant deux ans. Le verdict a beau être sévère, il reste loin des quatre ans fermes requis par le procureur.

La force de la mobilisation

Depuis la fin de la contestation, début septembre, des peines bien plus lourdes ont été prononcées contre des manifestants accusés, la plupart du temps, de violences contre des policiers. Six personnes ont été condamnées ces dernières semaines à des peines allant de deux à cinq ans de prison, et de nouvelles poursuites pénales sont régulièrement annoncées. Vendredi 6 décembre, un autre manifestant a pris un an pour avoir « poussé un policier », et un autre une amende.

Egor Joukov était devenu l’une des figures de ce mouvement de protestation. Visage d’ange, étudiant de la prestigieuse Haute Ecole d’économie, commentateur talentueux suivi par près de 150 000 personnes, le jeune homme a bénéficié d’une mobilisation importante dans les médias libéraux et jusque devant le tribunal, où une plusieurs centaines de personnes sont venues le soutenir.

A Moscou, devant le tribunal où comparaît Egor Joukov, vendredi 6 décembre.
A Moscou, devant le tribunal où comparaît Egor Joukov, vendredi 6 décembre. KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

C’est probablement ce qui l’a sauvé. Comme dans l’affaire Ivan Golounov, journaliste accusé en juin de trafic de drogue puis libéré, comme dans l’affaire Pavel Oustinov, comédien condamné à de la prison pour des violences imaginaires avant de voir sa peine commuée, le pouvoir russe a une nouvelle fois reculé face une mobilisation de la société civile, fût-elle très limitée.

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« J’espère que nous n’avons pas appris à percevoir comme une victoire le fait que des innocents soient punis, a toutefois mis en garde le jeune Joukov en sortant du tribunal. Les autorités ont transformé les tribunaux en une institution répressive. » L’avis est partagé par de nombreux observateurs, qui craignent un simple « recul tactique » : « Le pouvoir a eu peur de créer lui-même une icône de résistance, mais le système juridique continue de s’enfoncer, avec ce procès basé sur de fausses accusations », estimait ainsi Gleb Pavlovski, analyste politique proche de l’opposition et ancien conseiller de Vladimir Poutine.

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