Écoles ZEP: «Dipin diber» au menu

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Un repas chaud pour chaque enfant. Vous en avez déjà entendu parler ? Abandonné quelques mois seulement après sa mise en pratique en 2013 – à la suite d’une contamination à la bactérie E.coli, le projet devait faire son grand retour dans les écoles situées dans des zones d’éducation prioritaires (ZEP) cette année. Mais à ce jour, toujours rien.

Il est 11 heures. Dans la cour de récré d’un établissement situé à la périphérie de Port-Louis. Il n’y a pas de classes aujourd’hui, car cette école d’une zone d’éducation prioritaire a organisé sa journée sportive. Les enfants sont rassemblés sur le terrain de foot où les épreuves de la journée ont lieu. Dans la cour, deux femmes, casquettes vissées sur la tête et tabliers bien en évidence, sont assises à côté des bureaux administratifs. À leurs pieds, des caisses bleues qui contiennent des sachets en papier gris dans lesquels se trouvent des pains.

Ces femmes sont des employées de Sen & Ken, l’un des fournisseurs de ce que les autorités appellent des «enhanced meals», dans les écoles ZEP. Au menu, un pain maison avec du beurre et du fromage, une bouteille d’eau, un fruit et un petit sachet de biscuits pour le goûter. Plus surprenant, il ne s’agit pas seulement du repas du jour. Les écoliers auront droit à la même chose tout au long du trimestre, voire de l’année.

«Toulézour bann zanfan-la gagn sa dipin diber-la avek zot boutey delo et enn biskwi. Parfwa zot gagn enn fri», affirme pour sa part l’une des employés de Sen & Ken, rencontrée dans l’enceinte de l’école. Pour chaque établissement, poursuit la dame, le menu peut varier. «Zot gagn zot dipin diber fromaz parey. Mé zot kapav gagn enn gratin pom déter, légim ousi. Mé zanfan pa kontan manzé, zot zété. Lerla donn zot zis dipin diber. Mé sa osi parfwa zot zet dan poubel.»

«Combien de jours d’affilée on peut s’attendre à ce qu’un enfant mange que du pain, du beurre et du fromage au déjeuner ?» s’insurge un membre du personnel de l’école. «Beaucoup de ces enfants viennent d’un milieu très difficile. Je connais un cas où trois enfants, des frères et soeurs, l’aîné étant au collège, qui n’ont rien à manger le soir. Les deux qui sont au primaire comptent sur ce repas qu’on leur offre.» Plusieurs élèves de l’école, poursuit notre interlocutrice, également travailleuse sociale, sont orphelins, les parents sont en prison ou encore sont alcooliques ou drogués.

«Ils ont besoin de cette nourriture et puisque le gouvernement dépense déjà des milliers de roupies dans ce programme, pourquoi ne pas vraiment donner un bon repas à ces enfants ?» Certes, cela ne remplira pas leur ventre, mais «dipin diber pa nourisan», pas approprié pour des enfants en pleine croissance. «Et ce gratin de légumes dont on vous parle ? Ce n’est que des légumes bouillis avec du fromage dessus. Qui accepterait de manger cela tous les jours ? Il ne s’agit pas de cracher dans la soupe, mais tout de même…»

«Le gouvernement dépense déjà des milliers de roupies dans ce programme, pourquoi ne pas vraiment donner un bon repas à ces enfants ?»

Pourtant, soutient la travailleuse sociale, l’école aurait déjà proposé un plan de repas chauds au ministère de l’Éducation. Avec le club des parents d’élèves, des plats auraient été préparés sur place par des volontaires. «Enn tigit diri, so lentil, enn légim, dé sosis ou enn dizef, enn zanfan ti pou manzé. Pa ti pou ena okenn risk alimenter nanyé.» Mais, bon «ena dimounn pou dir la ousi pe doné, bizin pez néné bwar delwil kan ou mizer»

Isabelle Armoogum, habitante de Roche-Bois, est, elle satisfaite du repas dont bénéficie sa fille, admise en grade 2 à l’école primaire du gouvernement Emmanuel Anquetil. «Bizin kontan séki pé gagné. Omwin gagn sa ousi. Mé mo donn li so dipin dépi lakaz. Dipin sosis, burger, fishfingers. Apré mo fini asté so gato tousa.» Kessaven Sawmynaden, dont le fils fréquente la même école, donne lui aussi un repas «plus consistent» à son enfant. «Li bizin gagn enn kari dan so dipin, parfwa diri-kari mem dépi lakaz. Ti pou meyer selma ki ti remet sa diri-kari kouma avan la. Repa so la ti meyer pou zanfan.»

Pas nécessairement un repas chaud, renchérit Jacqueline Syphon, dont le fils est en grade 3 dans cette école ZEP, mais on aurait au moins pu varier le menu. «Toulezour dipin diber, be normal zanfan pou rans ek sa. Bann zanfan ou kapav donn zot enn burger legim mem ek so ketchup, so mayonnaise li pou manzé li. Ou donn li enn zour inpé chips. Li pa bizin laviann poul mé bizin sanz sa dipin diber toulézour-la.»

Stéphanie Chéri, dont les deux enfants sont au primaire, souligne que c’est surtout difficile pour les parents qui n’ont pas les moyens. «Si ce repas était correct, les parents auraient été soulagés.» Par mois, que pour le tiffin de ses enfants, elle doit débourser environ Rs 2 500. Cela comprend les aliments pour le déjeuner, du jus, des gâteaux, ainsi que les produits laitiers.

Pain, beurre et fromage, est-ce le repas recommandé par le ministère de l’Éducation et validé par un nutritionniste ? Nous avons tenté de contacter les bureaux de Sen & Ken pour en savoir plus. Une dame nous demande d’envoyer nos questions par mail. Après l’avoir fait, lorsqu’on rappelle, un homme décroche le téléphone et hurle presque «monn dir ou pa kapav koz ar ou». Il ne nous dira pas son nom.

Où en est le programme de repas chauds ?

22 janvier 2019. C’était la date buttoir pour la soumission des propositions dans le cadre d’un appel d’offres pour la fourniture de repas chauds dans deux écoles ZEP. Ce programme ‘pilote’ devrait voir le jour dans les écoles primaires de Bois-des-Amourettes et de Pointe-aux-Piments et concerne quelque 400 élèves. Le responsable des écoles ZEP au ministère de l’Éducation devant effectuer un voyage, personne n’a pu répondre à nos questions. On nous confie toutefois que des cuisines ont été installées dans ces deux écoles et qu’on attend désormais de compléter les procédures avant de pouvoir lancer le projet. Ces repas devront être préparés en dehors de l’école, mais ils pourront être réchauffés dans les cuisines, sur place. En 2017, un appel d’offres similaire avait par ailleurs été lancé mais n’a pas abouti.


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Lexpress

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