Drs Surenaidoo Naiken et Dominique Bosson: «Les services de santé à Maurice doivent prendre le chemin de l’ambulatoire»

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Le Dr Dominique Bosson (à g.) et le Dr Surenaidoo Naiken.

Le Dr Dominique Bosson (à g.) et le Dr Surenaidoo Naiken.

À l’invitation du ministère de la Santé, le Dr Surenaidoo Naiken, chef de service aux Établissements hospitaliers du Nord Vaudois et fondateur de «Humanitarian for Empowerment» (HFE), et son confrère, le Dr Dominique Bosson, chirurgien orthopédique, président honorifique de HFE et médecin agréé à la clinique Génolier à Genève, ont passé cinq jours à Maurice où ils ont aussi fait des opérations. Ils évoquent les bénéfices de la chirurgie minimalement invasive.

Qu’avez-vous fait lors de cette courte mission à Maurice ? 
Pendant les cinq jours, nous avons visité trois hôpitaux de l’île. Nous avons fait don de matériels de laparoscopie à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo et nous avons discuté avec plusieurs de nos confrères chirurgiens, orthopédistes et anesthésistes pour comprendre le fonctionnement de leurs services respectifs. Nous avons aussi assisté des confrères dans des chirurgies laparoscopiques et orthopédiques.

Mettre la main à la pâte nous a permis de mieux cerner les besoins en termes de matériels mais aussi d’expertise. Un colloque de formation a eu lieu à l’hôpital Jeetoo où le Dr Bosson, orthopédiste de formation, a fait une présentation sur les prothèses de la hanche. Il a présenté les voies d’abord chirurgicales et a mis l’accent sur la réhabilitation accélérée après la chirurgie.

Quant à moi, j’ai fait une présentation sur la pathologie des voies biliaires et le diagnostic différentiel. La séance de travail avec les fonctionnaires du ministère s’est bien passée et nous soumettrons un rapport sur nos observations et recommandations.

Peut-on en connaître quelques-unes ? 
Le Dr Bosson a noté un intérêt des chirurgiens mauriciens à acquérir le savoir-faire en chirurgie par laparoscopie. Le personnel du bloc opératoire a démontré une volonté d’apprendre pour la rendre praticable. Il a aussi remarqué que le matériel fonctionne bien pour des chirurgies courantes mais qu’il est obsolète pour des chirurgies lourdes qui nécessitent un plateau technique consequent.

De mon côté, j’ai assisté deux confrères dans deux types de chirurgie. J’ai noté que le niveau est bon avec un respect des structures nobles pendant la chirurgie mais aussi conforme à l’aspect sécurité des patients. Malheureusement, certains chirurgiens ne pratiquent toujours pas la chirurgie minimalement invasive et d’autres y ont recours seulement pour l’ablation de la vésicule biliaire.

Quand vous parlez de chirurgie minimalement invasive, faites-vous allusion à la cœlioscopie ? 
Oui. La chirurgie mini-invasive ou cœlioscopie est une technique chirurgicale limitant le traumatisme opératoire. Elle permet au chirurgien d’atteindre sa cible par des incisions de quelques millimètres grâce à l’utilisation d’instruments couplés à un système d’imagerie vidéo. Hormis l’avantage esthétique, cette approche minimise les pertes de sang, réduit les douleurs postopératoires et permet un rétablissement plus rapide.

«La chirurgie ambulatoire est un mode de fonctionnement avec des possibilités substantielles d’économies.»

La chirurgie minimale invasive – on devrait l’appeler minimale agressive – concerne aussi l’orthopédie. Cette discipline a été une des pionnières dans le domaine avec l’arthroscopie du genou, qui permet, depuis plus de 30 ans, de traiter certaines lésions, par exemple les ménisques, par deux petites incisions de sept à huit millimètres, sans ouvrir largement le genou et facilitant ainsi la récupération. Actuellement, cette chirurgie minimale invasive permet d’implanter des prothèses de hanche par une voie d’abord antérieure, qui ne coupe ni muscle ni tendon et qui permet au patient de marcher le jour même de l’intervention en appui complet sur le membre opéré.

Vous avez fondé «Humanitarian for Empowerment » (HFE). De quoi s’agit-il ? 
La HFE est une association à but non lucratif et apolitique basée en Suisse. J’en suis le fondateur et le Dr Bosson en est le président honorifique. Nous voulons nous différencier des autres organisations humanitaires en proposant un concept et une philosophie différente. Souvent on visualise les missions humanitaires comme une action dans des pays en guerre ou pour financer une action charitable. On associe aussi les missions humanitaires dans les pays dits du tiers-monde mais la majorité des experts sont unanimes pour décrier ces projets à court terme, non pérennes et un gaspillage de ressources humaines et financières. La HFE innove avec le concept de transmission du savoir-faire. Pourquoi donner du poisson à quelqu’un quand on peut lui apprendre à pêcher ?

Quels en sont les objectifs ? 
La HFE est née en janvier 2018 après plusieurs années de gestation. Même si je suis le président-fondateur et le Dr Bosson le président honorifique, nous sommes une quinzaine de cofondateurs. C’est une équipe formidable avec des jeunes mais aussi des spécialistes chevronnés. Nous avons bâti une structure solide avec un comité exécutif, un comité central et des commissions d’experts dans différentes spécialités médicales. Nous avons une cinquantaine de membres honorifiques ou ordinaires.

Nos objectifs sont le partage de notre expérience et notre expertise, principalement dans le secteur de la santé. Nous pensons que, dans certains pays ou hôpitaux, il suffit d’une expertise externe, sans grands moyens financiers, pour tirer vers le haut le fonctionnement mais aussi la qualité des prestations prodiguées. Nous avons pour but ultime de rendre les personnes, les structures et les organisations autonomes. D’ailleurs, le slogan de la HFE est : Building a pathway towards autonomy.

Un des objectifs de votre visite était de lancer l’idée d’un système de chirurgie ambulatoire. Avez-vous pu le faire ? 
Nous comptons sur le ministère de la Santé mais aussi sur les professionnels de santé pour instaurer un tel système dans les hôpitaux de l’île. La chirurgie ambulatoire s’inscrit dans cette démarche d’optimisation et d’amélioration de la qualité des soins. Elle représente une évolution naturelle de la chirurgie stationnaire, sur laquelle elle gagne progressivement du terrain dans tous les pays occidentaux. Elle est plébiscitée par de nombreux patients, qui souhaitent retrouver au plus vite leur environnement.

Comment fonctionne un tel système ? 
Depuis une dizaine d’années, les structures hospitalières suisses ont pris le virage de la chirurgie ambulatoire. À savoir l’admission et le retour à domicile du patient le jour même de son opération. Les conditions sine qua non pour la réussite d’une telle approche : une parfaite coordination entre les professionnels et une anticipation des besoins des patients est nécessaire pour assurer la qualité et la sécurité des soins. Les consultations de chirurgie et d’anesthésie ont lieu séparément avant l’opération. De cette façon, les patients ont davantage de temps pour réfléchir et poser toutes leurs questions.

De plus, une infirmière donne des informations utiles à l’organisation de la journée. La veille, par téléphone, elle rappelle à la personne les directives et s’assure que son état de santé demeure compatible avec l’intervention. Le lendemain, elle vérifie qu’il n’y a pas de complications.

L’ambulatoire est également rendu possible par l’amélioration des techniques chirurgicales et anesthésiques. Pour être sûre et efficace, la chirurgie ambulatoire nécessite donc une collaboration et une approche multidisciplinaire mais aussi une information/instruction du patient et une motivation de sa part et de sa famille. Il faut un changement important dans la mentalité des soignants et des soignés. C’est aussi un mode de fonctionnement avec des possibilités substantielles d’économies. Elle deviendra sans doute, à terme, la norme pour une proportion importante d’actes chirurgicaux. Il faut absolument que les services de la santé à Maurice prennent le chemin de l’ambulatoire…


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Lexpress

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