« Donald Trump, du Golfe à la Louisiane »

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Dans sa chronique, Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », analyse la stratégie du président américain et les tensions sur le marché du pétrole après le sabotage de navires saoudiens, le 12 mai.

Publié le 20 mai 2019 à 00h36 Temps de Lecture 4 min.

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Donald Trump, lors de l’inauguration d’une usine de gaz naturel liquéfié, à Hackberry, en Louisiane, le 14 mai.
Donald Trump, lors de l’inauguration d’une usine de gaz naturel liquéfié, à Hackberry, en Louisiane, le 14 mai. Gerald Herbert / AP

Mais qui donc a fomenté l’attaque de quatre navires, dont deux pétroliers saoudiens, dimanche 12 mai, au large des côtes des Emirats arabes unis (EAU) ? Qui a cherché à faire ainsi grimper la tension dans le détroit d’Ormuz, au débouché du golfe Arabo-Persique, par où transitent 20 % de l’or noir et un tiers du gaz naturel liquéfié (GNL) de la planète ?

Les marchés n’ont pas cédé à la panique, plus inquiets du regain des tensions commerciales sino-américaines que d’un improbable retour de la « guerre des tankers », qui avait ravagé la région durant le conflit Iran-Irak (1980-1988). A moins d’une escalade armée hors de contrôle…

Lire aussi Le mystérieux sabotage de quatre navires, dont deux tankers saoudiens, au large des Emirats

De bons observateurs ont noté que les cibles – les abords du terminal de Foujeyra (EAU), puis l’oléoduc de 1 200 kilomètres reliant les champs pétrolifères de l’est saoudien à la mer Rouge – ont été précisément conçues comme une alternative au passage de cette ressource stratégique par le détroit d’Ormuz, un goulet d’étranglement de 50 kilomètres de largeur sous le contrôle de facto de l’Iran. Téhéran a rejeté toute responsabilité dans ces sabotages, qui illustrent néanmoins la stratégie du faible au fort à laquelle les Iraniens en sont réduits face à la puissance de feu américaine : utiliser de petits moyens et faire des dégâts limités pour prouver la vulnérabilité des installations.

On peut au moins tirer quelques leçons de ces incidents graves. La vulnérabilité de ces infrastructures a été démontrée et la situation de la région reste explosive. Ryad a convoqué, le 30 mai, un sommet d’urgence des Etats du Golfe, dont la sécurité ne peut être assurée que par les Américains. Et pourtant, leur rôle de « gendarme » ne va plus de soi. Seulement 10 % du pétrole qu’ils consomment provient désormais des monarchies du Golfe, dont les principaux clients sont asiatiques. Alors pourquoi maintenir le partenariat stratégique « sécurité américaine contre pétrole saoudien », scellé en 1945 par le président Roosevelt et le roi Ibn Saoud ?

Superpuissance

L’Arabie saoudite reste, par ses réserves et ses exportations, la « banque centrale » de l’or noir, sollicitée depuis des décennies pour équilibrer l’offre et la demande. Et Donald Trump ne se prive pas de faire pression aujourd’hui sur le royaume wahhabite pour qu’il pompe plus de barils afin de faire baisser le prix du brut et celui du gallon de l’automobiliste américain.

En outre, le marché pétrolier est mondial, et un choc dans le Golfe se répercuterait aux Etats-Unis, comme en 1974 et en 1979. Même s’ils refusent le rôle de « gendarme du monde », leur puissante armada déployée de la Méditerranée à l’océan Indien reste nécessaire.

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