D’objet de stigmatisation à symbole de fierté, le durag relève la tête

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De gauche à droite, en 2016, pendant le défilé Fenty x Puma by Rihanna, à l’hôtel Salomonde Rothschild, à Paris. Rihanna lors de la cérémonie des CFDA Fashion Awards,à New York, en 2014. Lors d’une manifestation, le 7 juin 2020 à Hollywood, à la suite de la mort de George Floyd.

Ce n’est ni un genou à terre, ni un poing levé, et encore moins un carré de soie… Mais le durag connaît un regain d’intérêt et de visibilité ces derniers temps. Il était pour la toute première fois en couverture de l’édition britannique du magazine Vogue, porté par Rihanna, accompagné du titre enthousiaste « Rebel ! ». Edward Enninful, rédacteur en chef du célèbre mensuel de Condé Nast, écrivait sur son compte Instagram pour la sortie de ce numéro de mai : « Ai-je jamais imaginé voir un durag en couverture de Vogue ? En tant que ­lecteur, non. Car même si ce symbole puissant de la vie des Noirs – celui de l’auto-préservation, de la résistance et de l’authenticité – tient une place importante dans la culture populaire, il est rarement regardé à travers le prisme de la mode et du luxe. » Lentement, depuis avril, on l’a vu aussi glisser du papier glacé au bitume foulé par les manifestants noirs qui l’ont mis pour revendiquer l’égalité, ces dernières semaines, aux États-Unis, et ailleurs dans le monde.

Non pas qu’il fût absent du paysage. Il est même incontournable, dans les clips de rap américain – et français –, dans les salons de coiffure afro ou simplement dans la rue… Le durag est un accessoire prégnant dans la culture afro-américaine. Et même s’il a connu des périodes creuses, où il servait simplement à protéger les cheveux crépus et bouclés, ce foulard en polyester qui se plaque sur le crâne et s’ajuste par un nœud sur la nuque et coûte en moyenne deux dollars pièce, n’a jamais cessé d’être un signe d’appartenance ­ communautaire. Ce qui est nouveau, c’est qu’il multiplie les (ré)apparitions dans les lieux où on ne l’attend pas forcément. « Il est porté quotidiennement par des Noirs depuis des décennies, mais il a dernièrement été remis sur le devant de la scène par des artistes de la communauté, qui l’ont fait entrer dans des espaces où il n’était pas autorisé », explique Yvane Jacob, autrice du livre Sapé comme Jadis (Robert Laffont, 2019). En 2014, Rihanna (encore) en porte un signé Swarovski, incrusté de cristaux, pour recevoir le prix d’icône de la mode lors de la cérémonie des CFDA Fashion Awards (fameux concours du Conseil des créateurs de mode américains). Quatre ans plus tard, c’est l’artiste Solange qui arbore fièrement un durag noir lors du MET Gala 2018, sur lequel est inscrit « My God Wears a Du-Rag » (« mon dieu porte un durag »).

Lié à l’esclavage

Si, aujourd’hui, il semble de plus en plus accepté, son histoire, qui remonte au XVIIIe siècle, est étroitement liée à la stigmatisation des Afro-Américains. Selon le dictionnaire urbain (Urban Dictionary), il tirerait son nom de la contraction de « doo » (coiffure) et « rag » (chiffon) : un tissu que les femmes noires étaient contraintes de ­porter durant l’esclavage, la loi Tignon les obligeant à dissimuler leur chevelure, considérée comme trop voyante. Une manière de les marquer, voire de nier leur identité.

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