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Fahd Yassin, 27 ans, a l’humour pince-sans-rire : « J’ai mis huit ans à décrocher ma licence », glisse cet ingénieur, un rire discret détendant son visage aux airs d’adolescent. « J’ai été arrêté trois fois par l’occupation israélienne : d’abord pour 9 mois, ensuite 19 mois et la dernière fois, Dieu merci, c’était juste une petite visite, 9 jours ! » A cela s’ajoutent « une dizaine d’arrestations, peut-être plus de trente interrogatoires » avec l’Autorité palestinienne. « Pendant huit semaines, j’allais au commissariat tous les samedis. J’arrivais à 8 heures et je restais en interrogatoire jusqu’à trois, quatre heures de l’après-midi », lâche ce jeune Palestinien du nord de la Cisjordanie.
L’ingénieur raconte l’humiliation de ces allées et venues entre geôles palestiniennes et israéliennes – « à peine un mois dehors et hop ! on te remet derrière les barreaux, tu étouffes ! » – les frais de justice, les semestres perdus et l’amertume d’être considéré comme un ennemi par son propre gouvernement. « Et tout ça pour quoi ? On ne parle pas de grosses accusations, port d’armes ou attaques ! », s’indigne-t-il. Fahd affirme qu’il se bornait à des activités associatives sur le campus et des « visites aux familles de prisonniers et de martyrs » : « Notre but, c’était d’éveiller les étudiants. » Il fait alors partie des islamistes, mais sans lien avec le Hamas. C’est suffisant pour agacer l’Autorité palestinienne, en lutte contre le mouvement islamiste depuis qu’il a pris le pouvoir par la force à Gaza en 2007, après avoir été écarté du gouvernement malgré sa victoire aux législatives.
« Plus personne n’a confiance dans le projet palestinien. Les jeunes ne manifesteront pas, même contre l’annexion. »
Les universités palestiniennes ont toujours été l’un des viviers de la lutte contre Israël. Aujourd’hui, elles « sont un peu le seul espace restant où peut se développer une mobilisation politique », résume Inès Abdel Razek, directrice du plaidoyer à l’Institut palestinien de diplomatie publique. Les campus sont ainsi la cible des Israéliens comme des autorités de Ramallah, qui craignent de perdre le contrôle. « Depuis le début de l’année, 90 étudiants de l’université de Birzeit, près de Ramallah, ont été arrêtés, une soixantaine à Naplouse. Et tous les jours ou presque, il y a des arrestations à l’université [Al-Qods] à Abou Dis », récapitule Hadeel Shatara, du réseau de défense des prisonniers palestiniens Samidoun.
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