« Disrupteur-en-chef, ça, Trump sait faire »

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Si, à court terme, la diplomatie trumpienne peut, comme dans le cas mexicain, produire quelques résultats, à plus long terme, l’effet de cette politique punitive sera dévastateur, souligne notre éditorialiste Sylvie Kauffmann dans sa chronique.

Publié aujourd’hui à 01h55 Temps de Lecture 4 min.

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Il est assez rare que Dmitri Kisselev, provocateur-vedette de la première chaîne de la télévision publique russe, et le plus subtil hebdomadaire britannique The Economist tombent d’accord. L’événement s’est pourtant produit lundi 10 juin à propos de – qui d’autre ? – Donald Trump. Il s’agissait de diplomatie, un concept qui, accolé au nom de ce président américain-là, sonne comme un oxymore.

« Vous allez rire, a lancé Kisselev en rappelant à ses téléspectateurs que le locataire de la Maison Blanche se veut maître dans « l’art du deal », mais Donald Trump n’a pas un seul accord ratifié à son actif ! Tout ce qu’il fait, c’est de démolir les accords existants. »

Difficile de lui donner tort. Surtout quand la même semaine, la couverture de The Economist affiche une caricature de Trump en forme de bombe géante sous le titre : Weapons of Mass Disruption (armes de disruption massive). Ces armes, inscrites sur la bombe, ce sont les droits de douane, les listes noires technologiques, l’isolement financier et les sanctions.

Ce président iconoclaste ne s’en est pas caché pendant sa première campagne présidentielle : il voulait défaire un ordre international qu’il jugeait défavorable aux Etats-Unis. Peu lui importe que cet ordre ait été fondé par les mêmes Etats-Unis. Le monde a changé et les règles resteraient les mêmes ? Le moment était venu de renverser la table, en faveur du peuple américain, électeur de Donald Trump.

Le doigt là où ça fait mal

Deux ans et demi après son arrivée à la Maison Blanche, et alors qu’il brigue un deuxième mandat en 2020, Donald Trump a-t-il réussi son pari en politique étrangère ? De quels succès peut-il se prévaloir ?

Dresser une colonne des positifs et une colonne des négatifs serait un exercice cruel. Maya Kandel, chercheuse à l’université Paris-III et auteure d’un très bon livre sur la question, Les Etats-Unis et le monde (Perrin, 2018), trouve au moins un mérite au président Trump : « Bien plus qu’Obama, nous dit-elle, il a ouvert le débat sur la politique étrangère. Il a bousculé la pensée des think tanks, des milieux universitaires, il a permis à la nouvelle génération de remettre en question les dogmes de la fin de la guerre froide. » Ceux, par exemple, de la toute-puissance hégémonique et de la mondialisation heureuse.

Disrupteur-en-chef, donc : ça, il sait faire, et cela n’a pas que des conséquences négatives. Certes, son retrait de l’accord de Paris sur le climat et de celui sur le nucléaire iranien est radicalement destructeur. Mais sur la Chine, de nombreux experts reconnaissent qu’en ouvrant les hostilités commerciales avec Pékin, Donald Trump a osé mettre le doigt là où ça fait mal et encouragé d’autres pays, notamment européens, à être plus lucides sur l’évolution de la politique économique chinoise.

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