Dialogue de sourds entre Macron et Poutine au sujet d’Alexeï Navalny

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Vladimir Poutine, le 21 septembre, à Moscou.

Le dialogue avec la Russie, engagé formellement par l’Elysée à l’été 2019, se voulait « stratégique ». Au-delà des divergences de vue, il devait permettre d’avancer sur des dossiers comme le désarmement, la cybersécurité, la Syrie ou les conflits gelés. L’affaire Navalny sert de révélateur à sa stérilité. Le dernier entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, organisé le 14 septembre, a confirmé l’impossibilité de trouver des mots communs pour nommer la réalité concernant l’empoisonnement de l’opposant russe.

Selon nos informations, un véritable dialogue de sourds a eu lieu, reflété en partie seulement par les deux communiqués, diffusés par le Kremlin et l’Elysée. Dès lors, Paris est engagé actuellement dans une nouvelle phase de concertation avec Berlin. Malgré la difficulté à établir la chaîne de responsabilités, des sanctions individuelles sont envisagées contre la Russie si celle-ci ne se décidait pas à conduire une enquête crédible sur cette violation d’une « ligne rouge » qu’est l’utilisation d’une arme chimique sur le continent.

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Dans le communiqué français, l’accent était mis sur la « profonde préoccupation » de M. Macron devant « l’acte criminel » perpétré contre Alexeï Navalny. Les analyses françaises et suédoises ont confirmé celles conduites en Allemagne, établissant l’utilisation de l’agent neurotoxique Novitchok. Le Kremlin, lui, a évoqué des « accusations non fondées ». Toujours hospitalisé à Berlin, Alexeï Navalny a réclamé sur son blog, lundi 21 septembre, que « [ses] vêtements soient soigneusement emballés dans un sac en plastique et [lui] soient retournés » par la police russe, le poison ayant été trouvé « dans et sur [son] corps ».

Plaidoyer à charge

Selon les informations du Monde, Emmanuel Macron a clairement souligné, au cours de l’entretien téléphonique, que le Novitchok ne pouvait être utilisé par une organisation privée et que des explications officielles s’imposaient. Mais, en retour, Vladimir Poutine a multiplié les parades artificielles. Il a parlé avec mépris d’Alexeï Navalny, le considérant comme un simple trublion sur Internet qui aurait simulé des malaises par le passé. Le président russe s’est livré à un plaidoyer à charge, en affirmant que Navalny commettait des actes illégaux et qu’il avait utilisé son Fonds de lutte contre la corruption pour faire chanter certains élus ou fonctionnaires. Le fonds est connu pour ses investigations décapantes sur le train de vie fastueux de responsables russes.

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