« Devenir », portrait d’une First Lady des Etats-Unis

0
79

[ad_1]

Michelle Obama dans une scène tirée du documentaire « Devenir », sur Netflix.
Michelle Obama dans une scène tirée du documentaire « Devenir », sur Netflix. AP/Netflix

NETFLIX – A LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

Le spectacle ne laisse aucune place à l’improvisation. Chaque fois, c’est un air de hip-hop ou de RnB (souvent Girl on Fire, d’Alicia Keys) qui résonne dans les enceintes d’une salle bourrée à craquer d’un public majoritairement féminin. Surgit ensuite des coulisses une haute silhouette familière, tirée à quatre épingles. Michelle Obama salue chaleureusement l’hôte (le plus souvent une hôtesse) qui la reçoit sur la scène puis se lance dans une conversation-débat devant une audience aux yeux pétillants d’admiration, qui boit les paroles de l’ex-première dame. Ces grands shows – le prix élevé des tickets avait à l’époque fait réagir – ont ponctué aux Etats-Unis et à l’étranger la sortie des mémoires de l’ancienne avocate, Devenir (Fayard, 2018), et constituent la trame du documentaire que Netflix, avec qui les Obama ont noué un partenariat en 2018, lui consacre.

« Le but de cette tournée était de trouver le temps de regarder en arrière, de comprendre ce que j’avais vécu », explique-t-elle en voix off. Les shows démesurés n’en sont qu’une partie, les séances de dédicace et surtout les rencontres en petit comité avec des groupes de jeunes, son auditoire de prédilection, en sont une autre.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Devenir », de Michelle Obama : le parcours d’une combattante

Si l’on met de côté l’émotion que Michelle Obama provoque chez ses fans (groupies ?) et la « positive attitude » obligatoire, aussi émouvante qu’irritante, qui colle à l’ambiance de toutes les rencontres de la dame avec son public, Devenir a l’intérêt de s’être emparé de ce qui fait la substance de ces mémoires : le regard d’une femme noire américaine, descendante d’esclaves, parvenue au sommet (« je suis allée dans toutes les instances du pouvoir », rappelle-t-elle, sans forfanterie), et qui va désormais s’attacher à comprendre comment et pourquoi cela est arrivé. Avec l’espoir d’en faire bénéficier les générations suivantes.

Michelle Obama dans une scène tirée du documentaire « Devenir ».
Michelle Obama dans une scène tirée du documentaire « Devenir ». AP / Netflix

Glorification d’une ascension

Sa faiblesse est en revanche de se vouloir à la fois un film de tournée et un portrait, car il ne parvient à être ni l’un, ni l’autre. Si les images de la tournée donnent toute la mesure de la popularité de l’ex-première dame, le montage final est curieusement décousu. Tout comme le choix des témoignages, qui ratissent bien trop large. On croise ainsi très brièvement des personnes aussi différentes que son agent de sécurité, sa chef de cabinet, sa styliste, son frère. Tous ont des choses intéressantes à dire, mais ce sera visiblement pour une prochaine fois. Seuls les passages dans lesquels Michelle Obama rend visite à sa famille, évoque le rôle fondateur de ses parents et de son enfance à Chicago, résistent à la superficialité.

Un autre passage intéressant revient sur la campagne de Barack Obama pour l’investiture démocrate en 2007 et rappelle la violence des attaques contre son épouse : elle explique avoir cessé de s’exprimer librement à ce moment-là, se forçant « à lire des prompteurs ». Son expérience rappelle douloureusement celle d’Hillary Clinton, telle qu’elle l’évoque en détail dans Hillary, le documentaire en quatre parties – autrement plus consistant – que la chaîne Hulu a diffusé en début d’année.

Lire aussi « Hillary » : portrait d’un animal politique

La personnalité charismatique de Michelle Obama, son refus du misérabilisme et de la mièvrerie, son humour et son sens de la formule sauvent ce documentaire de la médiocrité de sa réalisation, mais Devenir version Netflix est-il autre chose que la glorification d’une ascension aussi admirable qu’exceptionnelle, quand on sait que la mobilité sociale aux Etats Unis est en réalité inférieure à celle de la plupart des pays développés ?

Devenir, de Nadia Hallgreen (EU, 2020, 90 min). Disponible à la demande sur Netflix.

https://www.netflix.com/fr/title/81122487

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: