Deuxième feu vert à l’expansion de l’oléoduc canadien Trans Mountain

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L’Office national de l’énergie canadien a de nouveau approuvé vendredi le projet, malgré ses risques pour l’environnement.

Par Anne Pélouas Publié aujourd’hui à 12h26, mis à jour à 12h26

Temps de Lecture 3 min.

La saga des oléoducs canadiens destinés à augmenter les exportations de pétrole issu des sables bitumineux vers l’Asie est loin d’être terminée. Mais une nouvelle étape a été franchie vendredi 22 février avec la publication d’un rapport de l’Office national de l’énergie (ONE). L’agence réglementaire canadienne recommande pour la deuxième fois à Ottawa d’approuver le projet Trans Mountain, en posant ses conditions pour minimiser les effets sur l’environnement.

Le projet de 7,4 milliards de dollars canadiens (5 milliards d’euros) vise à construire un oléoduc de 1 150 kilomètres entre Edmonton (Alberta) et Burnaby (Colombie-Britannique) longeant le tracé d’un pipeline existant. Il triplerait – de 300 000 à 890 000 barils par jour – la quantité de pétrole transporté. Objectif : diversifier les exportations d’or noir, écoulé presque entièrement vers les Etats-Unis et à bas prix.

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Malgré une vive controverse, le projet Trans Mountain a été approuvé par Ottawa fin 2016 mais a été suspendu le 30 août 2018 par la Cour d’appel fédérale. Celle-ci relevait des failles importantes dans l’évaluation de l’ONE et jugeait « viciés » le processus et les conclusions de l’agence, en particulier sur les impacts d’une hausse du trafic maritime sur une population d’orques.

L’ONE conclut cette fois que le projet est « dans l’intérêt public canadien » et que les risques environnementaux qu’il pose « peuvent être justifiés dans les circonstances, vu les avantages considérables du projet et les mesures proposées pour réduire au minimum les incidences ».

Emissions de gaz à effet de serre

Quelque 200 manifestants pro-pipelines réunis vendredi devant les bureaux de l’ONE à Calgary ont poussé un soupir de soulagement. « C’est une bonne nouvelle », déclarait pour sa part la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, tandis que l’avocat de l’organisme West Coast Environmental Law, Eugene Kung, affirmait que la décision de l’ONE était prévisible bien que décevante. Judy Wilson, l’une des représentantes de l’Union des chefs autochtones de la Colombie-Britannique, promet, elle, de se battre : « Nous disons toujours non au projet. »

La hausse du trafic maritime attendue est susceptible, admet l’ONE, d’avoir des effets « négatifs importants sur l’épaulard résident du sud », une espèce en danger. Les émissions de gaz à effet de serre découlant de ce transport seront aussi « vraisemblablement importantes », note-t-il, tout comme les effets éventuels d’une fuite de pétrole.

L’agence formule 16 recommandations au gouvernement pour atténuer ces risques, en plus de 156 conditions particulières à la réalisation de l’oléoduc. Les premières touchent par exemple à la sécurité du transport maritime, aux mesures pour contrer des fuites, à la réduction des gaz à effet de serre des navires et à celle « du bruit sous-marin et des risques de collision avec des mammifères marins et des poissons inscrits sur la liste des espèces en danger ».

Risques de marée noire

Pour les défenseurs de l’environnement, le projet d’oléoduc demeure incompatible avec les engagements de lutte contre les changements climatiques pris par le premier ministre canadien, Justin Trudeau. Il aggrave les risques de marée noire, avec sept fois plus de pétroliers qui partiront de Burnaby chaque mois. La hausse de ce trafic rendra aussi selon eux le rétablissement des épaulards résidents du sud « impossible ». Ils ne seraient plus que 75, d’après les scientifiques. Pour l’organisme Georgia Strait Alliance, Ottawa nage en pleine contradiction, poussant ce projet d’oléoduc tout en clamant que « les épaulards sont importants ».

Ottawa a acheté Trans Mountain l’été dernier, payant 4,5 milliards de dollars canadiens (près de 3 milliards d’euros) à l’Américain Kinder Morgan. Depuis, le gouvernement cherche à le revendre à des investisseurs.

En pleine année électorale, Justin Trudeau n’est pas au bout de ses peines. La Cour d’appel fédérale a dénoncé en 2018 le manque de consultation des 117 communautés autochtones touchées par le projet et ordonné à Ottawa de compléter le travail, ce qui prendra encore plusieurs mois.

Les nations autochtones partagées

Les nations autochtones concernées sont partagées. Certaines combattent farouchement le projet alors que d’autres ont signé des accords avec Trans Mountain pour en tirer des avantages pécuniaires. Le gouvernement d’Alberta appuie sans condition son industrie pétrolière, rappelant que l’économie canadienne a bien besoin des 46,7 milliards de dollars canadiens de revenus associés au pipeline pour les vingt prochaines années.

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La Colombie-Britannique rejette catégoriquement de son côté un projet qui va à l’encontre de son plan climatique. Et s’inquiète des risques de fuites de pétrole sur terre et dans la zone maritime entre Vancouver et la côte ouest, comme de l’avenir des orques qui y « résident ».

Anne Pélouas (Montréal, correspondance)

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