Deux ex-premiers ministres de Bouteflika candidats à la présidentielle

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Abdelmadjid Tebboune, en 2017, alors premier ministre, à Alger.
Abdelmadjid Tebboune, en 2017, alors premier ministre, à Alger. RYAD KRAMDI / AFP

Le slogan phare de la contestation qui a provoqué la chute de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika a fait sa réapparition dans les manifestations, vendredi 27 septembre : « Non au cinquième mandat ! » A Alger, où une foule compacte a protesté pour la 32e semaine d’affilée, les candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle, accusés de vouloir « perpétuer le système » de l’ancien chef de l’Etat de 82 ans, contraint à la démission le 2 avril, alors qu’il voulait se représenter, étaient ainsi ­particulièrement visés par les manifestants.

Moins de deux semaines après la convocation de l’élection, prévue le 12 décembre, le casting électoral proposé aux Algériens ressemble pour l’instant à un conseil des ministres du président sortant. Jeudi 26 septembre, deux personnalités nationales sont entrées en lice : deux anciens premiers ministres ayant tous deux servi l’ex-président : Ali Benflis, 75 ans, et Abdelmadjid Tebboune, 73 ans.

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Premier ministre de 2000 à 2003, sous le premier mandat de M. Bouteflika, Ali Benflis avait ensuite été son principal adversaire aux présidentielles de 2004 et 2014. Il avait alors dénoncé une fraude massive. Homme issu du sérail, M. Benflis aurait-il cette fois obtenu des garanties sur ses chances d’accéder au palais d’El Mouradia, le siège de la présidence ? Cet été, le chef du parti Avant-garde des libertés a accepté la décision du chef de l’état-major de l’armée et dirigeant de facto du pays, le général Ahmed Gaïd Salah, de tenir une élection présidentielle dans les plus brefs délais.

Construire « un rassemblement »

Ali Benflis a fait part, jeudi, de son ambition de construire « un rassemblement pour une sortie de crise ouvrant la voie à un changement démocratique qui intègre la totalité des revendications et des aspirations de la révolution démocratique pacifique ». Il estime que les conditions d’un scrutin transparent sont désormais réunies depuis la mise en place expresse d’une autorité électorale indépendante présidée par Mohamed Charfi – qui fut deux fois ministre de la justice de M. Bouteflika, avant d’être limogé en 2013.

« Ce que demande le hirak, j’ai été le premier à le demander. Et j’ai souffert »

Son principal adversaire à cette heure, Abdelmadjid Tebboune, six fois ministre sous les quatre mandats d’Abdelaziz Bouteflika, a aussi été le chef de gouvernement à la longévité la plus éphémère qu’a connue le pays : 81 jours. Nommé, puis débarqué à l’été 2017, il n’avait pas survécu au bras de fer qu’il avait engagé avec des hommes d’affaires proches de Saïd Bouteflika, le frère de l’ex-président, qui vient d’être condamné à quinze ans de prison. Une expérience malheureuse qu’Abdelmadjid Tebboune met aujourd’hui en avant pour endosser les habits d’un opposant au système. « Ce que demande le hirak [le mouvement de contestation populaire], j’ai été le premier à le demander. Et j’ai souffert. J’ai été personnellement puni, mon fils a été puni. Ce n’est pas suffisant ? », s’exclamait-il jeudi.

Dans le sillage de ces deux favoris, le Rassemblement national démocratique (RND), l’un des deux anciens piliers de la majorité gouvernementale, a annoncé qu’il se lançait dans la course. Il devrait introniser son secrétaire général par intérim, Azzedine Mihoubi, lui aussi ancien ministre de Bouteflika. Les formations islamistes devraient se positionner avant la fin du mois.

L’ex-premier ministre algérien Ali Benflis, en février à Alger.
L’ex-premier ministre algérien Ali Benflis, en février à Alger. RYAD KRAMDI / AFP

Plusieurs figures de l’opposition ont fait savoir que les conditions d’une élection transparente n’étaient pas réunies, car l’offre politique se résume sans surprise à un « système qui cherche à se maintenir par la fraude », selon les mots de nombreux opposants. Mais partis politiques et société civile peinent toujours à dessiner les contours d’une alternative au pouvoir, au risque que la lassitude gagne la population, alors que l’appareil sécuritaire resserre son étau sur les contestataires.

Discours menaçant

Jeudi, le général Ahmed Gaïd Salah avait mis en garde contre toute « entrave » au processus électoral et brandi la menace d’une « sanction juste et rigoureuse, voire dissuasive, conformément à la loi ».

Ce discours menaçant, qu’accompagne le bouclage la capitale par les forces de sécurité chaque vendredi, se traduit par des arrestations, toujours plus nombreuses, qui ciblent les animateurs du hirak. Selon le Comité national pour la libération des détenus, plus de 90 personnes ont été placées en détention provisoire. La plupart pour « incitation à attroupement » ou « atteinte à la sécurité de l’Etat ».

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Libéré mercredi, l’opposant Karim Tabbou, une figure de la contestation arrêtée le 12 septembre et poursuivie pour « atteinte au moral de l’armée », a été de nouveau interpellé, moins de vingt-quatre heures plus tard. Vendredi après-midi, ses défenseurs ignoraient toujours les motifs de cette nouvelle arrestation. « Karim Tabbou a été présenté hier soir devant le tribunal qui a ordonné sa mise en détention provisoire. Nous n’avons aucune information sur les charges retenues contre lui », dénonce l’un de ses avocats, Mustapha Bouchachi, autre figure de la société civile.

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Dans ce climat, si la campagne électorale exigée par le général Ahmed Gaïd Salah semble bel et bien lancée, il ne reste qu’un peu plus de deux mois au chef de l’état-major et aux candidats pour convaincre les Algériens d’aller voter. Pour les partisans de l’élection, le plus dur commence peut-être.

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