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La décision de Pierre Krähenbühl, prise à la suite de soupçons d’abus de confiance, intervient dans un contexte de crise au sein de l’Unrwa, très critiquée par les Etats-Unis et Israël.
Aux Nations unies, les réactions sont mitigées alors que le commissaire général de l’Agence pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a démissionné, quelques heures après avoir été suspendu par le secrétaire général Antonio Guterres. Depuis mars, le Suisse Pierre Krähenbühl et trois autres hauts responsables de l’Agence, soupçonnés entre autres d’abus de pouvoir, font l’objet d’une enquête interne, dont des éléments ont été dévoilés dans la presse en juillet.
« Les premiers résultats de l’enquête ne retiennent pas de fraude ou de détournements de fonds, a annoncé le porte-parole du secrétaire général Stéphane Dujarric. Mais des problèmes de management doivent être réglés. » Sur le plateau de la télévision suisse TSR, où il est venu s’expliquer mercredi soir, Pierre Krähenbühl a précisé que l’enquête ne retenait pas non plus le soupçon de « relation personnelle » qu’on lui prêtait avec l’une de ses conseillères – et qu’il a toujours réfutée. « Des choses ont été clarifiées, a-t-il martelé. Il reste les questions de recrutements et d’enjeux de gestion. »
Pour de nombreux diplomates, alors que le renouvellement du mandat de l’Unrwa doit être discuté à l’Assemblée générale de l’ONU en décembre, cette démission est un soulagement. « C’est plus clair, explique le porte-parole d’un pays européen. Pierre Krähenbühl avait un délai de deux semaines pour présenter des explications. Mais c’est plus simple comme cela. »
Parmi les trois pays européens – Suisse, Belgique et Pays-Bas – qui avaient stoppé leurs financements depuis les révélations de l’enquête cet été, l’optimisme revient. « Nous gardons confiance dans le mandat de l’Unrwa, et allons réexaminer la situation », a-t-on expliqué à la mission belge de l’ONU, où deux dotations supplémentaires au budget 2019 ont été suspendues. La Suisse a indiqué « prendre note » de la démission du commissaire général, et confirmé qu’elle cessait toute contribution à l’Unrwa jusqu’à la fin de l’enquête, annoncée fin novembre.
« Tout le monde parle de lui avec beaucoup d’estime », un employé du Comité international de la Croix-Rouge
Si certains diplomates sont rassurés de passer à un contexte plus serein, la démission de Pierre Krähenbühl ne fait pas sens pour tout le monde. Au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), où il a été le directeur des opérations pendant douze ans avant de rejoindre l’ONU, c’est le choc : on ne comprend pas les accusations portées contre l’homme à la réputation intègre, et qui fait l’unanimité au sein de l’organisation humanitaire. « Tout le monde parle de lui avec beaucoup d’estime, explique un salarié du CICR. Et pourtant, dans la maison, on ne fait pas dans le culte de la personnalité ! Ce serait surprenant qu’on puisse l’attaquer sur son intégrité. »
Même stupéfaction chez un diplomate new-yorkais, qui assure que le commissaire général de l’Unrwa a toujours été perçu comme « un homme de grande qualité » parmi les représentants de son pays à l’ONU. Il propose : « Si les faits sont vérifiés, peut-être a-t-il été victime d’une faiblesse humaine ? A ce niveau-là, on peut se croire inatteignable. »
« Attaqué directement »
L’Unrwa, qui fournit de l’aide à 5,5 millions de Palestiniens, est dans le collimateur d’Israël et des Etats-Unis. Souhaitant réduire le nombre de bénéficiaires, ils s’opposent au fait que les Palestiniens puissent transmettre leur statut de réfugiés à leurs enfants. Washington a même stoppé son financement depuis décembre 2018.
« On est soumis à des attaques que je n’ai jamais vécues en vingt-huit ans d’action humanitaire, a confié Pierre Krähenbühl qui se rappelle être intervenu devant le conseil de sécurité en mai. J’ai été attaqué directement par le représentant américain, qui remettait en cause le multilatéralisme et le travail de l’Unrwa. J’ai répondu à ses critiques. Quand vous le faites, à ce niveau politique-là, vous savez que vous allez payer un prix. »
Pour palier le manque des 350 millions de dollars américains sur le budget annuel de 1,2 milliard, Pierre Krähenbühl a mené une campagne très active auprès des pays du Moyen-Orient et levé 450 millions de dollars en quelques mois. Le rapport interne lui reproche d’ailleurs de s’être substitué au service d’habitude en charge des levées de fonds, et d’avoir par là causé des frictions. « Il était efficace politiquement, il devait gêner », avance un acteur du milieu humanitaire, précisant aussi que l’Unrwa a la réputation d’être divisée par « des cliques ».
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