Des victimes argentines de prêtres pédocriminels demandent des comptes au pape

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Claudia Labeguerie, Ezequiel Villalonga et Daniel Sgardeli lors d’une conférence de presse à l’aéroport de Buenos Aires, le 14 février.
Claudia Labeguerie, Ezequiel Villalonga et Daniel Sgardeli lors d’une conférence de presse à l’aéroport de Buenos Aires, le 14 février. RONALDO SCHEMIDT / AFP

Par au moins deux fois, le Vatican a été alerté. Par au moins deux fois, les alertes ont été ignorées. C’est pour recevoir des réponses à leurs questions sur ce silence que trois victimes sourdes violées durant leur enfance dans un institut catholique d’Argentine veulent rencontrer le pape François à Rome, où elles se sont rendues ce mercredi 19 février.

« Il savait, mais il n’a rien fait », dénoncent-elles. Elles ont demandé par lettre un rendez-vous « public » au souverain pontif argentin, mais n’ont pas encore reçu de réponse.

Avant leur venue à Rome, les victimes, qui considèrent avoir été « torturées » par leurs agresseurs, se sont rendues à Genève, où elles ont dénoncé l’inaction du Saint-Siège auprès du Comité de l’ONU contre la torture et du Comité des droits de l’enfant. « Dans le monde, il y a beaucoup de pays où ces choses continuent à se produire et où le silence règne », a déclaré à l’Agence France-Presse Daniel Sgardelis, 45 ans, lors de son passage à Genève.

M. Sgardelis est l’une des victimes de Nicola Corradi. Ce prêtre italien a été condamné le 25 novembre 2019 par un tribunal de Mendoza (ouest de l’Argentine) à 42 ans de prison pour avoir violé et agressé sexuellement onze mineurs au sein de l’institut Provolo, un établissement catholique gratuit pour enfants sourds d’origine modeste. Un autre prêtre a été condamné à 45 ans de prison et l’ex-jardinier de l’institut à 18 ans d’incarcération. Les victimes des viols avaient entre 4 et 17 ans.

Transfert d’un prêtre accusé d’agressions sexuelles

Aujourd’hui âgé de 83 ans, Nicola Corradi était arrivé en Argentine en 1984, transféré de l’institut Provolo de Vérone (nord-ouest de l’Italie) – la maison mère de l’établissement de Mendoza –, après des accusations d’agressions sexuelles qu’il aurait commises entre les années 1950 et les années 1980.

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Il avait d’abord dirigé l’institut Provolo de La Plata (60 km au sud de Buenos Aires). Puis à partir de 1996, celui de Mendoza (1000 km à l’ouest de la capitale), jusqu’à son placement en détention provisoire en novembre 2016 et la fermeture de l’institut, lorsque le scandale a éclaté. Il est également accusé d’avoir agressé des enfants à La Plata.

Selon l’organisation non-gouvernementale ECA (« Ending clergy abuse », « Mettre fin aux abus du clergé »), le père Corradi avait été signalé au Vatican en 2009 par des sourds et muets italiens de l’institut de Vérone, victimes du prêtre avant son transfert en Argentine.

Puis, le 9 mai 2014, dans une vidéo diffusée à la télévision italienne sur les chaînes du groupe Mediaset, dix-sept victimes de prêtres pédophiles, dont des anciens de l’institut Provolo, accusaient l’Eglise d’entretenir le silence.

Sans réaction officielle, une lettre recommandée avait été envoyée le 20 octobre 2014 à l’évêque de Vérone, Mgr Giuseppe Zenti, avec copie au pape François et à la Congrégation pour la doctrine de la foi.

« Notre histoire est au coeur de l’omerta »

Une des victimes italiennes, Giuseppe Consiglio, affirme avoir remis cette même lettre en mains propres au pontife argentin le 28 octobre 2015. François l’avait béni et lui avait demandé pardon. Mais Giuseppe n’a jamais reçu de réponse à la lettre. Et Nicola Corradi est resté en place jusqu’à son arrestation.

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« Nous avons été violés, agressés sexuellement et torturés par des prêtres catholiques, des soeurs et du personnel laïc. Notre histoire est au coeur même de l’omerta sur ces crimes dans notre pays. Ces crimes n’étaient un secret ni pour la hiérarchie de l’Eglise en Argentine, ni pour la hiérarchie du Vatican », ont dénoncé les victimes argentines dans un communiqué de l’organisation ECA.

Cette affaire en Argentine est l’une des très nombreuses qui secouent l’Eglise dans le monde. Pendant des décennies, elle a couvert ces abus en transférant les prêtres dans d’autres pays, une pratique à laquelle François a promis de mettre fin. « Je veux dire au pape que nous avons la force nécessaire pour continuer à nous battre pour obtenir justice », a dit une autre victime argentine, de 19 ans, Ezequiel Villalonga.

Pour le fondateur de ECA, Peter Isely, le cas argentin n’est qu’un parmi tant d’autres. De nombreux abus commis par des prêtres restent encore à découvrir, estime-t-il. « Cela va encore exploser. En Amérique latine, en Afrique, en Asie, cela ne fait que commencer », a-t-il dit à l’AFP.

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