Des dizaines d’arrestations en Biélorussie à l’approche de l’élection présidentielle

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A Minsk, le 19 juin 2020.

Près de 140 personnes ont été arrêtées lors de rassemblements de l’opposition en Biélorussie, où le chef de l’Etat, Alexandre Loukachenko, intensifie la répression avant l’élection présidentielle, a déclaré, samedi, le centre Viasna de défense des droits de l’homme.

Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, brigue un sixième mandat en août. Plusieurs figures de l’opposition, dont le principal rival du président, Viktor Babaryko, ont été arrêtées à l’approche de la présidentielle prévue le 9 août.

« Je n’ai jamais pensé qu’il puisse y avoir des gens en Biélorussie qui voudront détruire le pays », a affirmé, samedi, Alexandre Loukachenko, lors de l’inauguration d’un monument dans l’Est biélorusse. Selon lui, le pays vit actuellement un « moment très dangereux pour sa souveraineté et son indépendance ». Mais « personne ne se verra permettre de trahir ou détruire ce que vous et moi, nous avons créé pendant un quart de siècle », a assuré le président biélorusse.

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Vendredi était la date limite pour la collecte de parrainages d’électeurs et, dans la soirée, des manifestants sont descendus dans la rue à Minsk, la capitale, ainsi que d’autres villes, en signe d’appui aux opposants du président. Valery Tsepkalo, un détracteur du chef de l’Etat et candidat potentiel, s’est joint à ces rassemblements que la police a dispersés.

Cinq personnes battues

Selon le centre Viasna, quelque 140 personnes ont été interpellées dans plusieurs villes, dont 80 à Minsk. Cinq personnes, dont un mineur, ont été battues, d’après la même source. Plusieurs journalistes travaillant pour des médias étrangers ont été appréhendés, dont le correspondant du service biélorusse de Radio Free Europe. Un vidéaste free-lance en mission pour Reuters a été arrêté à Minsk avant d’être relâché, a précisé une porte-parole de l’agence de presse.

Certaines personnes ont été relâchées vendredi, d’autres attendaient d’être présentées devant la justice. Ces arrestations de journalistes ont été vivement dénoncées par des ambassades occidentales à Minsk.

« La société est polarisée », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’analyste indépendant Valeri Karbalevitch, ajoutant que beaucoup souhaitaient qu’Alexandre Loukachenko quitte le pouvoir. « Aujourd’hui, le slogan des gens est : n’importe qui sauf lui. » « Les gens sont fatigués de Loukachenko », a déclaré à l’AFP Vladimir Orlov, écrivain âgé de 66 ans.

« Ecraser le cafard »

Ancien banquier d’une filiale du géant russe Gazprom, accusé de « fraude » et de « blanchiment d’argent », Viktor Babaryko avait été arrêté jeudi. D’autres opposants et rivaux potentiels du président biélorusse ont été visés par la justice et la police ces dernières semaines : le populaire blogueur Sergueï Tikhanovski, poursuivi pour « troubles à l’ordre public », sa femme Svetlana, qui dit avoir reçu des menaces, ou encore la figure historique de l’opposition, Mikola Statkevitch, qui purge une peine de quinze jours de prison pour une manifestation non autorisée.

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Sergueï Tikhanovski a particulièrement dynamisé la campagne présidentielle en lançant le slogan « Ecraser le cafard » en allusion au président. Depuis, beaucoup d’opposants sont descendus dans la rue en brandissant des tongs.

Depuis 1994, aucune opposition n’a pu s’ancrer dans le paysage politique biélorusse. Nombre de ses dirigeants ont été emprisonnés et, en 2019, aucun opposant n’a été élu au Parlement. Les résultats des quatre dernières élections présidentielles n’ont pas été reconnus comme justes par les observateurs européens.

Le Monde avec AFP



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