Déforestation : « Notre-Drame de l’Amazonie »

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Les flammes qui ravagent depuis des décennies la plus grande forêt tropicale du globe n’ont rien d’une anodine étincelle, alerte l’archéologue Stéphen Rostain dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Dans la région de Madre de Dios (sud-est du Pérou), le 17 mai. Cette zone de la jungle amazonienne a été déboisée pour des activités minières illégales.
Dans la région de Madre de Dios (sud-est du Pérou), le 17 mai. Cette zone de la jungle amazonienne a été déboisée pour des activités minières illégales. CRIS BOURONCLE / AFP

Tribune. L’Amazonie brûle-t-elle ? Oui, mais apparemment pas assez pour émouvoir de puissants décideurs et financeurs. Ou, seraient-ils eux-mêmes les initiateurs occultes de ces incendies selvatiques ?
A l’heure où le feu réveille les coupables consciences en s’attaquant à des joyaux reconnus du patrimoine mondial, comme le Musée national de Rio de Janeiro ou la cathédrale de Paris, il est sans doute bon de rappeler que les flammes qui ravagent depuis des décennies la plus grande forêt tropicale du globe n’ont rien d’une anodine étincelle. Là aussi un drame se joue, qui aura des conséquences incalculables sur notre futur. Les effets ne se limitent pas seulement à la flore et la faune locales, mais également aux populations autochtones, à la biodiversité terrestre, à l’absorption de carbone et même au changement climatique global.

Oh ! Mais à quoi bon s’inquiéter ? L’Amazonie compterait quelque 390 milliards de troncs, pour une superficie dépassant 6 millions de kilomètres carrés. Pas de quoi s’en faire, affirment les exploiteurs industriels de cette manne végétale. En plus, ils se réfugient derrière l’idée que sa méga-diversité, concentrant 15 % des espèces végétales et animales du monde, est inépuisable, selon un discours de parfaite mauvaise foi. Autant de dérobades qui masquent de sordides intérêts économiques à court terme. En fait, l’homme du XXe siècle aura été le fossoyeur de cette méga-diversité, car le mirage amazonien a fait un tort terrible : le dynamisme propre à la forêt tropicale a été le germe de sa déchéance ou, du moins, a donné l’illusion d’une vitalité inaliénable.

Habitués à des mentions épisodiques de presse sur la tragédie de la déforestation amazonienne, nous nous sommes assoupis sur l’idée d’une regrettable fatalité, sans grande conséquence, à l’autre bout de la planète. Au contraire, bien plus qu’un simple marronnier journalistique, ce sont bien des millions de fromagers, palmiers, figuiers et autres arbres vénérables qui partent inexorablement en fumée chaque année. Riche de plus de 16 000 espèces d’arbres, la noble dame équatoriale est ainsi dépossédée de sa diversité et de son espace. Les spécialistes estiment qu’une espèce d’arbre sur deux pourrait être menacée de disparition en Amazonie.

Le lobby agroalimentaire du Brésil a réussi à faire voter en 2012 un nouveau code forestier amnistiant les déboisements illégaux passés

Pourtant, le nouveau millénaire avait apporté son lot d’espoirs avec des mesures préventives fermes. Le gouvernement brésilien a légiféré en 2004 pour condamner les abus. Toutefois, aucun débordement n’étant suivi de sanction, les contrevenants ont vite remis en marche leurs tronçonneuses. Bien pire, le puissant lobby agroalimentaire du Brésil a réussi à faire voter en 2012 un nouveau code forestier amnistiant les déboisements illégaux passés. Cette démission du glaive vengeur et du bras séculier a ouvert la boîte de Pandore des vices les plus outranciers. Dès lors, la déforestation a augmenté de plus de 400 % durant l’année 2014. Sur l’ensemble de la ceinture tropicale, la destruction des arbres a atteint un taux record en 2018 avec 12 millions d’hectares de forêt rayés de la carte.

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