De Tunis, « on prend le pouls de Tripoli-la-fiévreuse »

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Correspondants de presse (12/12). Pour le journaliste du « Monde » Frédéric Bobin, la capitale tunisienne est la porte d’entrée du conflit libyen. A son atmosphère paisible s’oppose un pays en guerre, où rien n’est jamais assuré…

Par Publié aujourd’hui à 18h00

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Yasmine Gateau

C’est à chaque fois le même sentiment brouillé. Ce plaisir inquiet. Cette joie soucieuse. Privilège que de partir pour la Libye post-Kadhafi plongée dans le tumulte, abcès géopolitique régional et peuple attachant. Et pourtant, au moment de boucler la valise, l’appréhension monte. On songe déjà aux multiples tracas sur place : la paperasse, le tampon, le contrôle des déplacements au nom de « la sécurité ». Le corset d’un système qui, malgré la révolution de 2011, a de beaux restes.

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Etre correspondant à Tunis, c’est aussi couvrir la Libye voisine. Les deux pays, qui connurent une fusion éphémère en 1974, sont très liés. L’affinité est surtout forte avec la Tripolitaine (dans l’ouest), qui appartient au même espace humain et historique que la Tunisie. Avant la vague des « printemps arabes », la main-d’œuvre tunisienne était nombreuse à avoir migré en Libye, eldorado scintillant alors des mille feux de son pétrole. Mais durant l’insurrection libyenne de 2011, le flux s’est inversé : les Libyens fuyant les combats ont afflué en masse à Djerba, Sfax ou Tunis. Depuis, beaucoup sont retournés au pays mais le chaos libyen, qui s’éternise, impose des va-et-vient permanents.

Tunis, antichambre diplomatique de Tripoli

Dans la paisible atmosphère de Tunis, on prend – à distance – le pouls de Tripoli-la-fiévreuse. Le temps de quelques discrets conclaves, les chefs politiques ou militaires libyens embouteillent les lobbies d’hôtels de luxe de Gammarth, station balnéaire au nord de Tunis. La capitale tunisienne, théâtre de bien des médiations, est l’antichambre diplomatique de Tripoli. Toutes les factions rivales s’y croisent secrètement, s’évitent ostensiblement, et s’espionnent le plus souvent. Récemment, alors que je discutais dans un hôtel avec un « activiste de la société civile » venu de Benghazi, nous avons dû changer subitement de place à sa demande expresse. L’homme avait blêmi en voyant s’asseoir à nos côtés un autre visiteur libyen, issu d’une obédience adverse.

Ces rencontres tunisoises sont précieuses entre deux séjours sur place qui, en ce qui me concerne, n’ont jamais excédé trois par an. L’obtention du visa relève de pratiques baroques et à l’issue souvent imprévisible, à l’image d’un pays sens dessus dessous. Dans cette Libye fracturée entre deux pouvoirs rivaux, il faut s’adresser à une autorité différente selon que l’on projette de se rendre en Cyrénaïque (Est) ou en Tripolitaine (Ouest).

« Livré à moi-même dans un établissement défraîchi, j’attendrai trois jours sans aucune nouvelle de l’interview promise par le général Haftar »

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