De Decathlon à Sartex, pourquoi certaines sociétés tunisiennes sont-elles autorisées à travailler ? – Jeune Afrique

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En Tunisie, les ouvertures des entreprises et industries pendant le confinement sont soumises à autorisation préalable du gouvernement. Si les secteurs de la santé et de l’alimentation sont autorisées, des demandes plus inattendues sont aussi prises en compte.


Dimanche 29 mars à la mi-journée, 127 563 salariés, soit environ 11 % de l’ensemble des salariés tunisiens, étaient mobilisés dans l’une des 2 920 entreprises ayant eu l’autorisation du ministère de l’Industrie et des PME de continuer à travailler malgré le confinement général.

Après quelques tergiversations sur la méthode à adopter, le gouvernement a décidé, en fin de semaine dernière, de mettre en ligne un formulaire de « demande de maintien d’activité » à destination des entrepreneurs et des industriels.

« Une ‘task force’ travaille 20 heures par jour pour donner une réponse en quelques heures. Nous avons reçu plus de 5 000 demandes. Les industries agroalimentaires, pharmaceutiques et sanitaires sont évidemment prioritaires. Mais il y a aussi tous le reste de la chaîne d’approvisionnement comme les sociétés d’emballage, d’impression, d’étiquetage ou encore le transport et la logistique. Pour le reste, c’est au cas par cas », précise Omar Bouzouada, le directeur général de l’agence pour la promotion de l’industrie et de l’innovation (APII). Selon le dirigeant, environ trois travailleurs sur quatre sont employés dans l’agroalimentaire, le sanitaire et l’emballage.

Des autorisations inattendues

Omar Bouzouada précise, par ailleurs, que la liste – mise en ligne par le ministère – n’est qu’une  première étape. Le ministère de l’Intérieur, via les gouverneurs, doivent approuver définitivement ces ouvertures. Des contrôles a posteriori sont d’ailleurs effectués pour s’assurer du respect des normes sanitaires dans les enceintes.

Rien de surprenant. Sauf qu’à examiner plus en détails cette fameuse liste, certaines autorisations octroyées peuvent, a priori, surprendre.

Ainsi des sites de verreries ou de cimenterie qui continuent de fonctionner alors que les chantiers sont à l’arrêt. En effet, ces industries ne peuvent pas arrêter du jour au lendemain leurs activités. Stopper les machines et les fours nécessite une procédure qui prend du temps. Ainsi la Société Ciments de Bizerte (SCB) précise que 15 % du personnel travaille actuellement sur le site et qu’elle arrêtera son fonctionnement avant la fin du confinement prévu, pour le moment, au 4 avril.

on produit des bavettes pour le personnel médical de la région

Certaines usines ont aussi transformé leur chaîne de production pour s’intégrer dans l’« industrie de guerre » contre la propagation du coronavirus. En temps normal, la société Sartex, basée à Monastir, produit 5 millions de paires de jeans pour des marques internationales comme Hugo Boss ou Ralph Lauren. « Là, on produit des bavettes pour le personnel médical de la région. On est passé de 4 800 employés à moins d’une centaine. Et on devrait bientôt arrêter la production car on n’aura plus de matières premières adaptées pour ce type de produits », explique Malek Zaguia, responsable de la communication de Sartex.

certains de nos produits sont considérés comme de première nécessité

L’enseigne sportive Decathlon a, elle, fait une demande d’activité e-commerce pour pouvoir livrer les établissements de santé. « Le personnel soignant estime que certains de nos produits sont de première nécessité pour eux comme le masque Easybreath [qui pourrait servir à fabriquer des respirateurs artificiels], des sacs de couchage, des ponchos, etc. », justifie Decathlon Tunisie par message via les réseaux sociaux. Si la société a reçu le feu vert du ministère, elle assure ne pas avoir commencé à travailler, car elle attend encore les dernières autorisations.

Contestation des syndicats

Certaines demandes sont aussi stratégiques, pour anticiper l’après. C’est le cas notamment des secteurs considérés comme porteurs par les autorités : industrie aérospatiale et composants automobiles par exemple.

Plusieurs entreprises continuent leurs activités qui ne sont pas essentielles et vitales dans l’immédiat. Toutefois selon les syndicats, la production de ces salariés, qui continuent à se déplacer et prendre des risques, profite, dans la majorité des cas, non pas à la Tunisie mais à des multinationales étrangères. Des raisons qui avait amené, Nourredine Taboubi, le secrétaire général du principal syndicat de travailleurs, l’UGTT, à dénoncer en début de semaine dernière les centres d’appels qui continuaient à faire venir leur personnel sur site.

Ces deux domaines pèsent près de 20 % des exportations par an et sont des vitrines du savoir-faire industriel tunisien. « Ce sont des devises dont nous aurons besoin pour amortir le choc de cette crise. Nous devons veiller à ne pas faire disparaître l’industrie du pays », soutient Omar Bouzouada.

Architectes, créateur de mode…

Au niveau des sociétés, il s’agit de continuer à honorer les commandes qui étaient en cours. Il en va de leur réputation, comme Coficab (groupe Elloumi) qui fait partie des leaders mondiaux de la câblerie automobile. « Il s’agit aussi de redémarrer au plus vite. L’Europe, où se trouve la majorité de nos clients, devrait passer le pic de contamination avant nous. La demande va donc être relancée plus tôt. Nous devrons pouvoir réagir », analyse Lamia Gharbi, secrétaire générale de la Tunisian Automotive Association, qui regroupe les principales sociétés du secteur des composants automobiles dans le pays.

j’ai rempli le formulaire vendredi, j’ai eu une réponse positive dimanche

Enfin, il y a aussi des autorisations pour lesquelles il n’y a pas d’explication logique. Nizar ben Achour est simple architecte. Il a rempli le formulaire « au cas où ». « J’avais deux projets en Afrique avec des partenaires français à rendre. Je me disais que si j’avais besoin de me rendre au bureau pour récupérer des documents, l’autorisation me faciliterait la tâche. J’ai rempli le formulaire vendredi, j’ai eu une réponse positive dimanche. J’avoue avoir été un peu surpris », raconte Nizar ben Achour.

La créatrice de mode Nabila Jlassi avait, elle, une dernière commande à livrer quand le confinement a été décrété. Elle a donc demandé à pouvoir continuer à travailler bien que son domaine n’entre pas non plus dans celui des secteurs essentiels. Son dernier client : le ministère du tourisme qui lui avait commandé des costumes traditionnels…

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