dans son discours, Abiy Ahmed lance un plaidoyer pour l’union en Ethiopie

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Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, lors de son discours de réception du prix Nobel de la paix, à Oslo, le 10 décembre 2019.
Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, lors de son discours de réception du prix Nobel de la paix, à Oslo, le 10 décembre 2019. FREDRIK VARFJELL / AFP

« Pas de “nous” et “eux” » : en recevant son prix Nobel de la paix, mardi 10 décembre, le premier ministre Abiy Ahmed a lancé un plaidoyer pour l’union à l’heure où l’Ethiopie est déchirée par des violences ethniques et où ses efforts de réconciliation avec l’ex-frère ennemi érythréen piétinent.

M. Abiy, 43 ans, s’est vu attribuer le Nobel pour la réconciliation qu’il a menée tambour battant avec l’Erythrée. Annoncé le 11 octobre, le prix récompense aussi ses tentatives de médiation dans une région tourmentée ainsi que ses réformes visant à démocratiser son pays, longtemps livré à l’autoritarisme. Mais près des progrès spectaculaires dans les mois ayant suivi son entrée en fonction, en avril 2018, le vent a tourné : sa politique d’ouverture a ouvert la voie à une flambée de violences intercommunautaires en Ethiopie, tandis que le processus de paix avec l’Erythrée semble à l’arrêt.

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Dans le discours de remerciement qu’il a tenu, en costume sombre, dans les murs fleuris de l’Hôtel de Ville d’Oslo, le plus jeune dirigeant d’Afrique s’est voulu rassembleur. « Il n’y a qu’un “nous” car nous sommes tous liés par un destin commun d’amour, de pardon et de réconciliation », a-t-il déclaré sous le regard de la famille royale norvégienne.

Le 9 juillet 2018, à l’issue d’une rencontre historique à Asmara, la capitale érythréenne, M. Abiy avait mis fin avec le président érythréen Issaias Afeworki à vingt ans d’état de guerre. Mardi, il a veillé à associer à sa récompense son « partenaire et camarade de paix », le seul dirigeant que l’Erythrée ait connu depuis l’indépendance acquise en 1993. « Nous avons compris que nos nations ne sont pas ennemies mais que nous étions plutôt victimes d’un même ennemi qui s’appelle la pauvreté », a-t-il affirmé.

« La guerre est l’incarnation de l’enfer »

Ancien soldat, M. Abiy a aussi témoigné des ravages de la guerre, se rappelant comment son unité avait été anéantie par une attaque d’artillerie érythréenne à laquelle il avait échappé parce qu’il s’était momentanément éloigné pour trouver un meilleur signal radio. « La guerre est l’incarnation de l’enfer pour toutes les personnes impliquées », a-t-il dit. Si l’accord de paix avec Asmara a été suivi de gestes de bonne volonté tels que la réouverture d’ambassades et de postes-frontières ou le rétablissement des liaisons aériennes, le processus de rapprochement connaît aujourd’hui des ratés. Plusieurs postes-frontières importants sont de nouveau fermés et la question du tracé des frontières reste en suspens.

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« Ce travail semble être au point mort », a d’ailleurs noté la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen, avant de remettre le prix. « Le comité Nobel norvégien espère que vos réalisations antérieures, conjuguées au surcroît d’encouragement que représente le prix de la paix, inciteront les parties à poursuivre la mise en œuvre des traités de paix », a-t-elle dit. Les experts redoutent toutefois que M. Abiy soit contraint d’accorder moins d’attention au processus de paix pour pouvoir se concentrer sur les élections « libres, justes et démocratiques » qu’il a promises pour mai. Une gageure vu la situation sécuritaire actuelle en Ethiopie.

Rompant avec l’autoritarisme de ses prédécesseurs, M. Abiy a levé l’état d’urgence, libéré des milliers de prisonniers politiques, créé une commission de réconciliation nationale et levé l’interdiction pesant sur certains partis. Mais cet élan de démocratisation a favorisé l’affirmation des identités ethniques. Des manifestations anti-Abiy ont ainsi débouché en octobre sur des affrontements ethniques qui ont fait 86 morts. Dans son discours, M. Abiy a fustigé « les prêcheurs de la haine et de la division » qui « font des ravages dans notre société en utilisant les réseaux sociaux ».

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