« Dans “Si le vent tombe”, l’aéroport est un moyen de parler de la frontière »

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La réalisatrice Nora Martirosyan en 2020  lors du festival de film à d’Angoulème.

Pour son premier long-métrage, Nora Martirosyan, artiste et cinéaste née en Arménie, a posé sa caméra dans le territoire indéfini du Haut-Karabakh, dans le Caucase, qui clame son indépendance depuis la chute de l’Union soviétique. Le film tourne autour d’un aéroport vide, en quête de voyageurs, qui raconte singulièrement, en creux et par l’attente, l’espoir sans cesse déçu de tout un peuple à « faire pays ».

Qu’est-ce qui vous a amenée à faire des films ?

J’ai eu une formation de peintre classique en Arménie soviétique. Je suis ensuite partie faire des études à Amsterdam. J’ai commencé à bricoler des vidéos : des formes brèves, que je n’appelais même pas « courts-métrages », et, petit à petit, les festivals, les musées ont commencé à les montrer. J’étais satisfaite, car ce que j’avais à exprimer ne dépassait pas ce format. Et puis je suis allée dans le Haut-Karabakh et suis tombée sur une situation politique d’une grande complexité : à peu près celle d’une forteresse, comme dans Le Désert des Tartares [roman de Dino Buzzati, 1940]. Le Karabakh, ce ne sont pas des décors : c’est une fiction. Et le moyen d’accéder à la réalité du pays, c’était d’en passer par le cinéma de fiction. Je n’étais pas prête tout de suite : je devais comprendre comment écrire, trouver les interlocuteurs qui pouvaient m’aider et me permettre d’arriver au bout. Ce que j’ai vu là-bas, il n’y avait que le cinéma qui pouvait m’aider à le raconter.

Le choix de situer le récit autour d’un aéroport en attente de fonctionnement synthétise avec force les enjeux du territoire. Comment en avez-vous eu l’idée ?

C’est mon père qui connaissait très bien le directeur de l’aéroport en question et m’a mise en relation avec lui. Pendant sept ans, cet homme m’a répété : « L’année prochaine, tu viendras ici en avion ». Ce qui était impossible, mais il y croyait vraiment. Ç’a été mon entrée dans cet aéroport. Le récit amène Alain, le protagoniste et auditeur international, dans ce lieu central, à la fois vide et gonflé d’espoirs. J’ai rencontré beaucoup de gens qui y travaillent pour comprendre ce qui peut empêcher un tel lieu d’ouvrir. Mais l’aéroport est aussi un moyen de parler de la frontière qui, par définition, est une notion floue, toujours disputée, jamais tranchée.

Le climat de tension que vous décrivez dans le film a fini par s’embraser et a débouché sur des affrontements. Quel œil avez-vous posé sur l’actualité récente du Haut-Karabakh ?

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