Dans les rues d’Alger, la mobilisation massive des femmes

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Des appels à manifester avaient été diffusés spécifiquement en amont de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.

Par Zahra Chenaoui Publié aujourd’hui à 10h34, mis à jour à 10h34

Temps de Lecture 3 min.

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La rangée d’hommes, avec casques bleus et boucliers antiémeutes, n’est qu’à une poignée de mètres d’elles. Assises sur une marche, Malia, 24 ans, et sa mère, Malika, font une pause, une rose à la main, le sourire aux lèvres. « Aujourd’hui, les femmes ne vont pas danser, elles font entendre leur avis », lance Malia sous le soleil d’Alger. Il est tôt dans l’après-midi, et déjà les rues se sont remplies. Comme si toute la ville était de sortie.

Cette année, le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, a pris un tour un peu particulier à Alger. Pas d’événements comme d’ordinaire dans les restaurants avec chanteurs et fleurs offertes aux clientes. Cette fois, le rendez-vous était donné dans la rue. Pour ce troisième vendredi de marche contre le cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, les réseaux sociaux avaient même décliné un appel spécifique au féminin. Appel entendu.

Dans le cortège géant, au milieu des centaines de milliers d’hommes qui ont submergé les rues d’Alger, les femmes de tous âges, de toutes classes et générations ont répondu présent, et sont venues bien plus nombreuses que les deux semaines précédentes. « La peur des années 1990 est encore un peu là, au fond de nous, confiait Malika en référence à la décennie meurtrière de lutte contre les mouvements islamistes. Mais nous avons vu que les deux premières marches se sont bien déroulées et ça nous a donné confiance. » Cette crainte, les femmes l’ont mise entre parenthèses pour faire entendre elles aussi leur soif de changement.

« On ne peut plus se taire »

Souhila, quinquagénaire, est venue manifester avec ses deux filles. « Pour nous, c’est foutu, mais à elles, qu’est-ce que je vais laisser ? », s’interroge-t-elle. L’Algérie, en dépit de la manne des hydrocarbures, ne crée pas assez d’emplois et ne comble pas les attentes de sa jeunesse alors que 45 % de la population a moins de 25 ans.

Quand, en fin d’après-midi, dans le quartier du Telemly, des manifestants subissent les tirs de lacrymogènes des forces de l’ordre, qui bloquent la route vers la présidence de la République, Souhila s’emporte : « Mais pourquoi font-ils ça ? Nous sommes le peuple ! Ce que nous demandons est juste. »

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Cette justice est le moteur d’autres femmes dans ce cortège, et plus largement dans ce mouvement. Quand Sofia se trouve prise dans les violents mouvements de foule du début d’après-midi, quand ses yeux sont rougis par le gaz lacrymogène, la jeune femme déchante un moment et murmure même : « Je comprends pourquoi mon mari m’avait dit de ne pas venir », avant de se ressaisir d’un énergique « mais y en a marre, on ne peut plus se taire ». Peut-être est-ce le même élan qui anime une vieille dame, à quelques pas, aidée par des manifestants pour ne pas chavirer au cœur d’une bousculade. Elle repart finalement d’un bon pied, portée par la foule.

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