« Dans les images, il y a une forme de déshumanisation de l’autre qui est insupportable »

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Historien et réalisateur, Christian Delage est directeur de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP). Ses travaux portent sur la question de l’image comme preuve, et plus particulièrement en lien avec les violences contre les Africains-Américains.

Quelle a été votre réaction en découvrant la vidéo montrant l’assassinat de George Floyd ?

La première vidéo qui a été diffusée, sur laquelle on voit Derek Chauvin, officier du Minneapolis Police Department, étouffer délibérément George Floyd, citoyen africain-américain, pendant de longues secondes, provoque la sidération. On est frappé par le calme et la détermination du policier, imperturbable face aux cris de George Floyd. Il y a une forme de déshumanisation de l’autre qui est insupportable. Une seconde vidéo a commencé à circuler, montrant, près de ce policier, un de ses collègues, Tou Thao, qui ne bouge pas et semble surveiller la circulation alentour, vraisemblablement pour s’assurer qu’il n’y ait pas trop de témoins. Toutefois, il n’intervient pas quand une passante filme.

« Pour quiconque a vu ces images terribles, pas de doute : il s’agit bien d’un homicide volontaire »

Ces images confirment ce qu’on voit sur une autre vidéo, prise de l’autre côté de la rue, montrant que trois autres policiers, présents, l’ont laissé faire. L’homicide commis par le policier s’accompagne donc, pour ses collègues, d’une forme de complicité, en raison de la non-assistance à personne en danger. Pour quiconque a vu ces images terribles, pas de doute : il s’agit bien d’un homicide volontaire, la victime ayant fait comprendre au policier qu’il ne pouvait plus respirer – et donc que sa vie était en danger. Pourtant, il a fallu attendre plusieurs jours pour que le policier soit arrêté et pour que le procureur du comté de Hennepin, où Floyd est décédé à l’hôpital, l’inculpe pour « meurtre (au 3e degré) et homicide involontaire ».

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Au-delà de l’émotion que provoquent ces images, ce qui frappe, c’est qu’en plus des images filmées par les passants, on a une vidéo d’un policier qui avait une caméra portée – les images sont d’ailleurs neutres par rapport à l’événement – et des images provenant de deux caméras de surveillance qui ont fonctionné au carrefour de l’East 38th Street et de Chicago Boulevard, à l’endroit de l’interpellation. On a donc un ensemble significatif de vidéos, ce qui est rare dans ce genre d’affaire.

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Ces vidéos en rappellent d’autres sur des violences policières contre des Africains-Américains. Quel rôle l’image joue-t-elle dans ces affaires ?

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