Dans le Sud algérien, l’espoir du changement

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Loin de la capitale, dans le Sud algérien, Tamanrasset participe à la révolte populaire contre l’Etat et attend d’un futur nouveau régime une amélioration de son sort.

Par Ali Ezhar Publié aujourd’hui à 10h59, mis à jour à 11h22

Temps de Lecture 6 min.

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Manifestation contre le régime algérien, à Tamanrasset, dans le sud du pays.
Manifestation contre le régime algérien, à Tamanrasset, dans le sud du pays. Ali Ezhar

Leur vie à « Tam » se regarde en sépia. En cette saison des vents, le sable a teint en ocre la lumière du jour. Celle-ci se rapproche drôlement de la couleur du latay (thé, en arabe) qu’ils sont en train de préparer. Sous le toit en paille d’une petite cahute, quelques Kel Tamasheq (Touareg) se retrouvent autour de charbons embrasés sur lesquels infuse leur « spiritueux ». La nuit tombe sur Tamanrasset : on s’éclaire avec un téléphone d’un autre temps et on soupire. Beaucoup. Comme ce trentenaire en boubou orangé, assez méfiant, qui n’est pas d’humeur à discuter. « Il faut le comprendre : celui qui a été piqué par un serpent a peur d’une corde », explique l’un de ses amis.

Ce « serpent »qui l’a « piqué », c’est le système algérien. Lui et d’autres ont été condamnés jusqu’à un an de prison pour avoir « pacifiquement manifesté contre le chômage ou le gaz de schiste[que les autorités voulaient exploiter] », raconte l’un d’eux. Leur crime ? « Attroupement non armé », « outrage au président » ou avoir « offensé des organes publics » sur une page Facebook.

C’était en 2016, une époque qui semble si loin déjà. Car depuis le 22 février, date de la première manifestation nationale contre le cinquième mandat que souhaitait briguer le président Abdelaziz Bouteflika, ces hommes n’ont pas hésité à reprendre les rues de la ville, pour dénoncer, comme ailleurs en Algérie, « le système mafieux »des hauts dirigeants de l’Etat.

Plus de cinquante nationalités

Chaque vendredi, ils sont plusieurs centaines à défier le pouvoir en place en reprenant les mêmes slogans qui résonnent d’Alger à Constantine, de Tiaret à Bouira. Le 5 avril, ils étaient près de 500 à répéter, pendant près de trois heures, « qu’ils dégagent tous », un cri de ralliement destiné, notamment, à Abdelkader Bensalah, président par intérim.

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Touareg en habit traditionnel, Kabyles, Arabes ou Chaouis (Berbères de la région des Aurès), ils se sont retrouvés autour du drapeau vert et rouge et du fanion coloré amazigh mêlés, sous 30 degrés. « L’Algérie est unie et réunie. Dans n’importe quel coin du pays, c’est pareil », se réjouit Ahmed, la cinquantaine, fonctionnaire.

Depuis deux mois, cette petite cité rocailleuse de l’extrême sud du pays est elle aussi secouée par la révolution pacifique ; mais les autres jours de la semaine, « Tam » est endormie. La capitale du Hoggar, cernée par les majestueuses montagnes de l’Atakor, fracassées et façonnées par les tempêtes passées, semble être continuellement assoupie. « C’est ça qu’on apprécie ici : le calme, l’espace, la paix, raconte Mourad, un Kabyle installé depuis trois décennies. Ce que j’aime, c’est le mélange des ethnies. Il y a plus de cinquante nationalités chez nous. » Sans conteste, Tamanrasset n’a rien d’une ville du nord de l’Algérie. « Ici, c’est l’Afrique noire, ajoute-t-il. Nous sommes à côté du Niger et du Mali, nous regardons vers le grand Sud. Nous sommes loin du littoral, et donc de l’Occident. »

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