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Fractures nigérianes (3/3). Dans l’Etat du Plateau, les violences entre éleveurs musulmans et agriculteurs majoritairement chrétiens ont déjà fait des milliers de morts.
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Il a prononcé les mots calmement, comme si c’était la parole de Dieu. Ce matin-là, à la tribune de l’église évangéliste du village de Miango, au nord de Jos, la capitale de l’Etat nigérian du Plateau, le révérend Sunday Kosu a demandé à ses milliers de fidèles de ne pas oublier. Que l’islam incite à la guerre et à la haine. Que les musulmans sont dangereux. Qu’ils finiront par tous les tuer.
Le temps semble s’être arrêté il y a bien longtemps dans ce village reculé de la Middle Belt nigériane, qui marque la séparation entre un Nord majoritairement musulman et un Sud à dominante chrétienne. Ce dimanche 10 février, à six jours de l’élection présidentielle, l’association des femmes évangélistes tient sa journée annuelle : les paroissiennes dansent, crient, louent le Seigneur et exultent. Elles rendent aussi hommage à leurs « frères » tués au cours du conflit silencieux qui oppose les agriculteurs autochtones, généralement chrétiens, et les éleveurs peuls musulmans originaires d’Afrique occidentale, et fait des milliers de morts et de déplacés à travers la ceinture centrale du Nigeria.
« Non, non, non, ce n’est pas un conflit, insiste le révérend Kosu en articulant bien chaque syllabe. C’est un massacre des chrétiens par les musulmans. » Il esquisse un sourire avant d’expliquer : « Le djihad a recommencé. Les combattants de l’islam se sont infiltrés depuis plusieurs siècles dans nos communautés, sournoisement, ils ont commencé à voler nos terres héritées de nos ancêtres. Maintenant, ils vont venir éliminer tous les chrétiens du Plateau, puis du Nigeria. » Le religieux peut déblatérer des heures sur le complot international qui se prépare à l’encontre de son peuple depuis les mosquées du Plateau, connectées aux Frères musulmans. Ou au Hezbollah, il s’embrouille parfois.
Jamais de véritable enquête
On croit se battre pour sa foi. En réalité, les habitants ne savent même plus pourquoi la situation a dégénéré. « Avant, on vivait en paix, on se mariait entre nous, on mangeait du même plat, on dormait sous le même toit », confie le révérend Kosu. Sur ces terres fertiles riches en minerais, en cassitérite et en coltan, les troupeaux menés par des éleveurs peuls semi-nomades avaient l’habitude de manger les restes des cultures moissonnées et de fertiliser les champs appartenant à des agriculteurs issus de communautés autochtones, généralement berom ou irigwe – l’Etat du Plateau compte à lui seul entre quarante et cinquante ethnies différentes. En échange, ceux-ci leur donnaient accès à l’eau.
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