Dans la Syrie d’après la guerre, l’armée reste au centre du jeu

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Par Laure Stephan

Syrie, année zéro (1/4). Alors que la guerre civile touche à sa fin, « Le Monde » se penche, dans une série d’articles, sur l’état du pays. Aujourd’hui, la place centrale que tiennent les militaires et les milices, soutiens décisifs du régime de Bachar Al-Assad.

Depuis 2011, Asma Al-Assad a réduit ses apparitions publiques. Quand l’épouse du président Bachar Al-Assad sort de sa réserve, c’est pour rencontrer des familles de soldats morts au front ou des invalides de guerre. Ici elle étreint une femme en pleurs, là elle prend un enfant sur ses genoux ; ailleurs encore, elle réconforte un amputé. Ces clichés, sur lesquels la première dame de Syrie se montre souriante, empathique, la tête coiffée d’un foulard, signe du cancer qu’on lui a diagnostiqué l’année dernière, participent du roman national que le pouvoir s’efforce de construire. Une imagerie qui exalte le sacrifice pour la patrie et l’attention du couple présidentiel pour ses partisans.

Après huit ans de combats acharnés, la guerre civile touche à sa fin. Quelques régions du pays échappent encore au contrôle de Damas, comme celle d’Idlib, dans le nord-ouest, où les bombardements se poursuivent. Mais l’urgence n’est plus militaire. L’enjeu, pour le régime, est de préparer le terrain de l’après, de s’assurer que le camp loyaliste et en particulier les combattants, soldats comme miliciens, demeurent soudés autour de la figure de Bachar Al-Assad.

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C’est à eux que le peu d’argent qui reste dans les caisses du gouvernement est alloué en priorité. Une augmentation de la solde des officiers a été récemment décrétée. Divers avantages, comme la gestion de kiosques urbains vendant cigarettes ou friandises, ont été octroyés aux familles de soldats tués ou blessés. Ces mesures visent autant à récompenser le sang versé qu’à contenir le ressentiment nourri par les difficultés économiques, le chômage et les pénuries.

« Un rare symbole d’unité »

Ces derniers temps, la société syrienne a repris la teinte kaki qu’elle avait dans les décennies 1970 et 1980, époque où l’idéologie très martiale du Baas, le parti unique, et la veillée d’armes permanente contre Israël rendaient les militaires omniprésents. « Dans les années 2000, du fait de la libéralisation économique impulsée par Bachar Al-Assad, les figures militaires sont passées au second plan, raconte un homme d’affaires syrien qui vit entre Beyrouth et Damas. C’était l’ère du privé. Mais aujourd’hui, les officiers sont revenus au-devant de la scène. »

17 septembre 2018. A Douma, près de Damas (Syrie) .
17 septembre 2018. A Douma, près de Damas (Syrie) . Marko Djurica / REUTERS

Aux yeux des opposants, l’institution militaire n’est plus, depuis longtemps, que « l’armée d’Assad », une force qu’ils abhorrent parce qu’elle a tiré sur les manifestants pacifiques de 2011, assiégé et affamé des villes entières pendant des années, et écrasé leurs habitants sous les bombes. Des crimes de guerre dénoncés par la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, qui vaudront peut-être, un jour, aux responsables militaires d’être inculpés par la justice internationale. Mais pour le camp progouvernemental, aux yeux duquel les rebelles ont été, au mieux, synonymes de chaos, « l’armée incarne un rare symbole d’unité », affirme l’homme d’affaires. Même si la conscription est honnie, l’appareil militaire est perçu dans les rangs loyalistes comme un marqueur de l’Etat, une institution à défendre.

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