[Culture & Loisirs] Le cinéma en crise : les espoirs reposent sur Tenet

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Initialement prévu pour le 22 juillet, Tenet débarque (enfin) en salles ce mercredi 26 août. Attendu comme le messie, le film a pour mission (impossible ?) de sauver une industrie cinématographique, frappée par une année noire. Mais peut-il réellement réaliser cet exploit, alors que le calendrier des blockbusters 2020 a été profondément bouleversé par l’épidémie du Covid-19 ?

Dossier : Simon Hoareau 

Le 7 août 2020, le Centre national du cinéma (CNC) publie des chiffres éloquents. Sur le seul mois de juillet, la fréquentation des salles de cinéma françaises a chuté de 73,8 % par rapport à l’année dernière. Un constat d’autant plus frappant lorsque l’on sait que la saison est à l’heure des blockbusters américains. Aux États-Unis, la situation est quant à elle au point mort. La crise du Covid-19 oblige, les studios ont dû revoir le calendrier de leurs sorties.

Alors que certaines grosses productions ont gagné les plateformes SVOD (Mulan sur Disney + ou USS Greyhound – La bataille de l’Atlantique sur Apple TV), d’autres ont vu leur sortie repoussée à 2021 (Top Gun Maverick, Sans un bruit 2, Morbius…). Dans cette tempête, un navire tient la barre tant bien que mal : Tenet. Présenté comme l’un des blockbusters les plus attendus de l’année, le nouveau film-concept de Christopher Nolan est au cœur de toutes les attentes. Plusieurs fois repoussé aux États-Unis (le 17 juillet, le 31 juillet, puis le 12 août), le film a finalement débuté son exploitation…en France, mercredi dernier. À La Réunion, il est diffusé au multiplexe de Cambaie.

Avec Tenet, la Warner Bros a opté pour une autre alternative : échelonner la sortie du film dans le monde. Ainsi, le film est temporairement privé des marchés américain et chinois. D’abord réfractaire à cette idée, le réalisateur Christopher Nolan capitule sous la pression des studios qui doivent rentabiliser un budget estimé entre 200 et 225 millions de dollars – soit le film le plus cher du cinéaste. En France, le film est distribué sur 800 copies. Afin d’optimiser les recettes, certains cinémas ont même programmé des séances toutes les demi-heures, dans plusieurs salles.

Une sortie graduée dans le temps

Mais Tenet peut-il réellement se montrer à la hauteur des attentes commerciales ? À en juger par l’engouement sur les réseaux sociaux, les spectateurs, en manque de spectacle grandiose sur grand écran, répondront présent. Selon les exploitants de salles en quête désespérée d’affluence, les épaules de Tenet semblent suffisamment solides, malgré le contexte et les mesures de sécurité. D’autant plus que le même jour de sa sortie nationale, la concurrence est bien maigre. Face à lui, Les Nouveaux Mutants, première incursion horrifique des studios Marvel, fait en effet pâle figure. Pour cause, le film, sans cesse repoussé depuis avril 2018, souffre d’une malédiction bien antérieure à la crise sanitaire.

Tenet ouvre surtout la voie pour les superproductions repoussées, qui devront renflouer les caisses du cinéma, pour ce dernier trimestre 2020. Parmi elles, des blockbusters que les Français pourront théoriquement découvrir avant (ou en même temps) que les Américains : The King’s Man : Première mission (16 septembre), Wonder Woman 1984 (30 septembre), Mourir peut attendre (11 novembre), ou encore le prochain Pixar, Soul (25 novembre). Quant à Black Widow, le film solo consacré à l’espionne russe de l’écurie Marvel, il est repoussé au 28 octobre prochain. Mais des rumeurs lui prédisent un destin similaire à celui de Mulan. Super-héroïnes ou espions internationaux, personne n’est décidément à l’abri d’un changement de dernière minute.

 


Alors que le monde est menacé par un renversement temporel, un homme va devoir affronter des ennemis aux motivations obscures. Pour cela, il ne dispose que d’un seul indice, un mot : « Tenet »…Énigmatique à bien des égards, le synopsis de Tenet dissimule une aventure labyrinthique qu’il serait criminel d’expliciter dans ce texte. Une fois n’est pas coutume avec Christopher Nolan, la maîtrise formelle est indéniable. De la symétrie des plans au rythme effréné, la rigueur est de mise. Et si l’ensemble offre un spectacle modéré, loin des immeubles renversés d’Inception ou des envolées grandioses d’Interstellar, il regorge néanmoins d’idées visuelles à nulles autres pareilles. En témoigne le dernier quart d’heure où différentes temporalités coexistent au sein d’une seule et même séquence.

Quant au fond, le long-métrage ne manquera pas de diviser. Plus que jamais, le cinéaste s’adonne à ses obsessions thématiques (les paradoxes du temps et de la réalité) et ses exigences narratives (un récit alambiqué, un montage parallèle…). S’intéressant bien plus aux idées qu’à l’humain, il ne s’embarrasse pas de prendre le spectateur par la main. Ses personnages ne sont ici qu’une composante d’une grande mécanique spatio-temporelle. Malgré la froideur du dispositif, le duo John David Washington/Robert Pattinson fonctionne à merveille. Impliqués, les deux acteurs offrent une relecture « james-bondienne » du buddy movie. Face à eux, Elizabeth Debicki s’illustre dans un rôle tout en subtilité.

Tenet est un marathon sans temps morts. Dès la séquence d’ouverture (qui n’est pas sans rappeler celle de The Dark Knight), le train est déjà en marche. Il faudra alors effectuer quelques foulées afin de s’y raccrocher. Non sans une bonne dose de théorie(s) et de métaphysique, le film invite à un certain lâcher-prise. Pour apprécier pleinement l’expérience, il faudra donc accepter les tics pompeux si habituels de Christopher Nolan. À défaut d’être son chef d’œuvre ultime, Tenet peut se voir comme une synthèse complète de sa filmographie. En cela, le film ravira certainement les fans de la première heure qui s’en donneront à cœur joie pour revoir le film, afin d’en apprécier tous les niveaux de lecture. Quant aux autres, ce puzzle de 2h31 laissera un goût amer.


L’engouement que suscite Tenet ne serait rien sans la réputation de son cinéaste. En 20 ans de carrière et 12 long-métrages, Christopher Nolan s’est imposé comme un des piliers du paysage hollywoodien. Remarqué dès ses débuts avec Following, le suiveur (1998), puis Memento (2000), le cinéaste britannico-américain conquiert les critiques et le public avec sa trilogie Batman, relecture réaliste et personnelle du célèbre justicier de Gotham. Loin de se contenter de ce succès, Nolan embrasse la voie des blockbusters d’auteur avec Inception (2010). Comme sur chacun de ses projets, il peut compter sur l’aide de son frère et scénariste, Jonathan Nolan. Par la suite, le réalisateur ne cessera d’apposer sa vision d’auteur sur d’autres genres cinématographiques, de l’odyssée spatiale (Interstellar en 2014) au film de guerre (Dunkerque en 2017). Et ce, avec succès, puisque le réalisateur cumule aujourd’hui, à lui seul, plus de 38 nominations et quelque 5 milliards de dollars de recettes dans le monde.

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