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Figurant parmi les secteurs les plus impactés par la crise, la culture amorce doucement son déconfinement. Les théâtres et salles de spectacle sont autorisés à rouvrir depuis le 2 juin, mais confrontés à des règles sanitaires très strictes certains sites resteront fermés jusqu’à la prochaine saison culturelle.
«Dans les zones vertes, les salles de spectacle et les théâtres vont ouvrir à compter du 2 juin», a déclaré Edouard Philippe dans son allocution du 28 mai qui détaillait la deuxième phase du déconfinement. Mais, malgré la levée de l’interdiction, la reprise n’est pas évidente. A La Réunion, les gérantes du café culturel La Cerise, Emilie et Isabelle, ont pu rouvrir. Mais il a fallu revoir toute l’organisation pour répondre aux mesures sanitaires très contraignantes. « Depuis le début du confinement on y réfléchit. Quand aucune date n’était encore annoncée, on était dans la peur, mais on a tenu. En début mai, quand a vu qu’on restait en zone verte, on a commencé à imaginer l’après. On était prêtes à redémarrer au moment du discours », raconte Emilie Magnant. Depuis la réouverture, l’établissement accueille des talents chaque soir, y compris le dimanche. Pour des raisons de sécurité, ce sont essentiellement des solos ou des duos qui sont programmés. « Les artistes sont très contents de pouvoir jouer. Le contact avec le public leur avait beaucoup manqué », relate-elle. Un public qui reste toutefois très restreint. « On a une jauge très limitée », explique la gérante. Pour pouvoir respecter les incontournables mesures de distanciation physique, l’établissement a mis en place un système de réservation. De 18h à 20h, le café est ouvert aux clients qui souhaitent prendre un verre, mais à partir de 20h, seuls ceux qui ont préalablement réservé peuvent rester pour le spectacle du soir. « Ce qui est compliqué pour nous, c’est de demander aux personnes de partir. Les gens n’ont pas l’habitude de s’organiser pour aller au bar. On crée des frustrations, mais ils restent indulgents », détaille Emilie. Avec les nouvelles règles, les responsables peuvent accueillir au maximum 35 personnes, dont le personnel. Avant la crise, 150 personnes pouvaient se réunir à La Cerise. Cette baisse drastique du nombre de clients a été en partie compensée par la mise en place d’un tarif d’entrée, fixé à 5 euros. Une décision prise, à contrecœur. « C’est tout le projet qui change. Normalement, on est un petit café culturel gratuit, qui propose des boissons et des collations pour de petits montants. On n’est pas un lieu qui pousse à la surconsommation ». Mais pour pouvoir rentrer dans leurs frais, elles étudient d’autres pistes comme suggérer des menus un peu plus chers. Malgré les difficultés de trésorerie, elles soutiennent le secteur culturel, durement touché par la crise. Elles privilégient les intermittents qu’elles peuvent payer en « bonne et due forme », grâce à l’aide du PRMA. Et chaque soir, elles embauchent un technicien. « On milite à notre manière, mais on a une réalité de TPE avec des charges, des loyers, des factures. Chaque semaine on s’adapte, on verra sur le long terme. C’est très compliqué de rester à l’équilibre, il ne faudrait pas que ça dure ».
Face à cette situation encore précaire, d’autres lieux culturels, comme les Téat départementaux, ont préféré reporter leur réouverture. « Suite à la crise, des annonces officielles ont été faites pour poser le cadre », rappelle le directeur des Téat, Pascal Montrouge « Mais en respectant la règle des 4 mètres carrés, on arrive à 10% de notre capacité d’accueil. Économiquement c’est compliqué », explique-t-il. En outre, avec les mesures de distanciation il leur semble difficile de proposer des spectacles avec des danseurs qui ne peuvent pas se toucher, ou de voir une pièce dans laquelle « Roméo ne peut pas embrasser Juliette ». En tenant compte des contraintes artistiques et économiques, les équipes tablent sur une réouverture à la prochaine saison culturelle, vers la fin du mois d’août et le début du mois de septembre. « On fait tout pour reporter les spectacles annulés au deuxième semestre de 2020 ou en 2021 », précise le directeur. Cela dépend bien sûr de la disponibilité des artistes, mais aussi, pour ceux qui viennent de l’extérieur, de la réouverture des frontières et des mesures sanitaires en vigueur à l’arrivée sur notre territoire. Malgré un moral parfois fluctuant depuis le début de la crise, Pascal Montrouge reste déterminé à « se battre pour la culture ». « C’est un métier passion. C’est une cause qu’on a envie de défendre parce qu’on a cette flamme intérieure », confie le directeur qui fait le souhait que cette période ne fragilise pas encore plus le secteur. Il en appelle aux collectivités pour qu’elles ne baissent pas leur soutien. « C’est toute une économie qui vit grâce à la culture », rappelle-t-il. Pour le moment, les salles sont mises à la disposition des artistes pour des répétitions ou des résidences. En espérant que le public pourra très bientôt les applaudir.
Le préfet Jacques Billant et la directrice des affaires culturelles Christine Richet, ont reçu une intersyndicale des métiers du spectacle pour étudier le redémarrage des activités. L’échange a été constructif selon les syndicats présents. Mais, en parallèle, un collectif d’artistes et professionnels de la culture s’est constitué, pour faire porter « leur voix ». Le Miks «Mouvman intèr kiltirel solidèr» a été lancé afin de représenter les artistes et les professions du spectacle qui se sentent oubliés.«Durant la crise et aussi pour l’avenir, il nous semble essentiel que la réflexion sur les politiques culturelles soit plus collective», ont-ils fait savoir dans un courrier publié sur leur page Facebook. Les artistes ont regretté que seuls les salles, diffuseurs, organisateurs et prestataires aient été contactés pour définir le cadre de la reprise. « Les dispositifs de sortie de crise, par exemple, sont conçus sans nous alors que nous avons une expertise à apporter », ont-ils souligné. Après avoir été reçus par la Région et le département, ils se sont tournés vers l’Etat pour faire part de leurs préoccupations, notamment concernant l’accompagnement des artistes.
La cité des arts a rouvert. L’accueil, la billetterie ainsi que les espaces extérieurs sont de nouveau accessibles au public du lundi au samedi de 10h à 18h, et la salle Le Banyan du mardi au samedi aux mêmes horaires. L’exposition « L’art et la manière » de Michel Faure y est proposée jusqu’au 8 août. Mais pour le moment, aucun spectacle n’est programmé.
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