Covid-19 : Boris Johnson, le contre-exemple

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Boris Johnson lors d’une conférence de presse par visioconférence au 10 Downing Street à Londres, le 11 mai.
Boris Johnson lors d’une conférence de presse par visioconférence au 10 Downing Street à Londres, le 11 mai. PIPPA FOWLES / 10 DOWNING STREET / AFP

Editorial du « Monde ». Il n’avait pas préparé le pays à une pandémie, il a échoué à fournir des masques et des tests en temps utile et alimenté crainte et confusion en adressant des messages contradictoires. Pourtant, 66 % des électeurs ont une bonne opinion de lui, 58 % d’entre eux approuvent l’action de son gouvernement et 50 % sont même prêts à voter pour son parti. Le premier ministre britannique, Boris Johnson, traverse la crise du Covid-19 avec une insolente popularité, à faire pâlir d’envie Emmanuel Macron.

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La propension des Britanniques à accorder à leurs dirigeants le bénéfice du doute au moment où les Français accueillent avec suspicion, voire colère, la moindre déclaration de leur président ou de leur premier ministre, en dit long sur l’éternelle singularité de nos voisins d’outre-Manche, mélange de loyalisme, de sang-froid et de complexe de supériorité. Le contraste met aussi en lumière la propension des Français au dénigrement, que celui-ci vise leurs dirigeants ou eux-mêmes. Face à la pandémie, pas moins de 66 % des habitants de l’Hexagone estiment que l’exécutif n’a « pas été à la hauteur », selon un sondage Odoxa. Mais ils sont à peine moins nombreux – 61 % – à en dire autant de leurs concitoyens, visant probablement le manque de civisme « des autres ».

Flegme étonnant

Personne ne comprend très bien, au Royaume-Uni même, pourquoi Boris Johnson reste si populaire alors que, avec 40 000 morts selon les statistiques officielles, le pays enregistre la pire mortalité d’Europe, en particulier dans les maisons de retraite. Longtemps nonchalant, le premier ministre se vantait encore début mars de serrer la main des malades, il a pris des vacances quand l’épidémie abordait l’Europe et a séché cinq réunions de crise. Le plan de déconfinement qu’il a exposé dimanche 10 mai était si confus qu’il a fallu en démentir certaines annonces dès le lendemain. Un déluge de critiques a suivi, venu aussi bien de l’opposition travailliste que des conservateurs. Pour les Britanniques, cela ne fait pas de doute : leur gouvernement a géré la crise plus mal que tous les gouvernements européens, France comprise, c’est dire. Seul les cousins américains ont fait pire.

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Au-delà du nationalisme que sait flatter à merveille M. Johnson, au-delà de la confiance maintenue en des institutions séculaires dont la reine incarne la pérennité, au-delà de la vénération générale dans laquelle les Britanniques de toutes opinions tiennent le Service national de santé (NHS) gratuit, conquête de l’après-guerre, le « paradoxe Boris » sur le coronavirus tient au calendrier politique. Le premier ministre ne sort ni de la jacquerie des « gilets jaunes » ni de la bataille sur les retraites, mais d’un triomphe électoral censé délivrer ses concitoyens de leur fièvre sur le Brexit.

Rien ne dit que l’apparente complaisance des Britanniques résistera à un déconfinement qui s’annonce cahoteux. Mais pour l’heure, leur étonnant flegme ne peut que donner à réfléchir à leurs voisins immédiats, ces Français qui ne tiennent pas davantage en estime leurs dirigeants que leurs semblables, autrement dit eux-mêmes. Pour le gouvernement, c’est un message d’exigence, de rigueur et de transparence, s’il veut être à la hauteur des attentes des Français. Pour ces derniers, c’est une piqûre de rappel sur le caractère exceptionnel de la crise, contre un autodénigrement vain et paralysant, un complexe d’infériorité qui risque de retarder la sortie du cauchemar collectif qu’est le Covid-19.

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