comment Paris a perdu l’équilibre

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Premier soutien occidental du maréchal Haftar, la France s’est laissé surprendre par l’offensive contre Tripoli. Récit d’un virage diplomatique et de ses raisons.

Par Nathalie Guibert, Frédéric Bobin et Marc Semo Publié aujourd’hui à 17h49

Temps de Lecture 14 min.

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Une affiche dénonçant le soutien apporté par la France, l’Egypte et les Emirats arabes unis au maréchal Khalifa Haftar, le 20 avril à Tripoli.
Une affiche dénonçant le soutien apporté par la France, l’Egypte et les Emirats arabes unis au maréchal Khalifa Haftar, le 20 avril à Tripoli. SAMUEL GRATACAP POUR “LE MONDE”

Le chaos, de nouveau. En se lançant, le 4 avril, depuis le Fezzan, dans le sud du pays, vers la capitale, Tripoli, avec son Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée, le maréchal Khalifa Haftar a relancé la guerre civile. Il a mené « un coup d’Etat », dénonce l’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé. En Libye, les chefs de guerre règnent, depuis l’assassinat du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, point d’orgue de la campagne de frappes aériennes qu’avaient menée la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, en soutien de la rébellion.

Le chaos revient ? La faute à la France, accuse le chef du gouvernement d’« union nationale », Faïez Sarraj, 59 ans, aussi impuissant que menacé, bien qu’il soit reconnu légitime par l’ONU. « Le soutien non proportionné de la France à Haftar est ce qui l’a conduit à décider de sortir du processus politique et à finir par attaquer Tripoli », assure-t-il au Monde.

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La faute aux « divisions de la communauté internationale », s’énerve plus largement Ghassan Salamé qui, depuis un an, travaillait à une conférence nationale de réconciliation, prévue à Ghadamès, mi-avril. Egyptiens, Saoudiens, Emiratis et Russes avec Haftar. Qataris, Turcs, Frères musulmans avec Sarraj. Américains et Britanniques des deux côtés. Les Français aussi, mais ont-ils gardé leur position d’équilibre ?

Une vieille connaissance

Pour Paris, Khalifa Haftar, 75 ans, l’homme fort de la Cyrénaïque, à l’est, est une vieille connaissance. Proche de Kadhafi avec qui il participa au coup d’Etat de 1969 pour renverser le roi Idriss, ce piètre stratège, formé à la soviétique, s’était vu confier le commandement des troupes envoyées au Tchad en 1987 par le « Guide » libyen. Il porte la responsabilité de la plus humiliante défaite du régime. Aidés par les Français, les combattants tchadiens avaient pris ses forces à revers, tuant 2 000 de ses hommes. Capturé et détenu au Tchad, le général sera exfiltré par les Etats-Unis, où il s’installera, près de Langley, la ville de l’Agence centrale de renseignement (CIA). En mars 2011, son retour en Libye fut laborieux. Se disant « appelé », le militaire avait rejoint la révolution dès le début du soulèvement à Benghazi, en exigeant le poste de chef d’état-major. Nul ne l’avait pris au sérieux, et il avait dû repartir.

Il trouve l’occasion de prendre sa revanche, deux ans plus tard, dans le combat brutal mené contre les « terroristes », des djihadistes locaux de Benghazi susceptibles de rejoindre l’Etat islamique (EI). En 2013, Haftar regroupe d’anciens officiers kadhafistes, rallie d’influentes tribus locales rêvant de s’autonomiser de Tripoli, mais aussi des libéraux anti-islamistes. Il combat aussi la coalition politico-militaire Fajr Libya (« aube de la Libye »), au sein de laquelle sévissent les milices de Misrata et les Frères musulmans. Elle a le soutien du Qatar et de la Turquie, par ailleurs des alliés de la France.

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