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L’armée a recours à des sociétés privées, au passé parfois trouble, pour acheminer ses soldats en Afrique. En fermant les yeux sur les conditions de sécurité et la confidentialité des missions.
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A l’été 2013, le petit avion de type Beechcraft C90 King Air avait l’habitude de se poser à Ibiza. A son bord, confortablement assis sur l’un des sièges en cuir marron, le DJ américano-japonais Steve Aoki sillonne l’Europe pour sa tournée estivale. Sur l’île des Baléares, la nuit, il enflamme le Pacha, le club du Français David Guetta, la star d’Ibiza ou du moins de sa portion rythmée par l’électro. Le jour, Aoki se met en scène sur les réseaux sociaux. Débardeur, jeans, baskets aux couleurs vives, l’artiste se montre, cheveux longs au vent, en train de se brosser les dents sur le toit de cet appareil (dont nous avons choisi de ne pas donner l’immatriculation). Les fans trouvent cela chic et cool. Mais à la rentrée, en octobre 2013, les destinations changent, comme les passagers – qui sont désormais des militaires des forces spéciales.
L’avion, c’est une curiosité, appartient à une association… culturelle, MusicAir, créée à Paris en janvier 2012, qui l’a acheté trois semaines après sa création. L’association vise à « faciliter l’accès et à augmenter les connaissances dans des domaines variés », « au point » d’ailleurs de louer son Beechcraft à la SMEK – une société de location de voitures. SMEK loue à son tour l’avion à Aeromecanic, une entreprise de Marignane (Bouches-du-Rhône), qui le loue enfin à Air Attack Technologies (AAT), elle aussi sur l’aéroport de Marignane.
Opération « Barkhane »
En octobre 2013, l’avion se trouve sur le tarmac de l’aéroport de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, sa nouvelle base. A l’intérieur, les sièges confortables ont été remplacés par de simples banquettes sur lesquelles s’assoient des commandos de « Sabre », le volet forces spéciales de l’opération militaire française au Sahel depuis août 2014, baptisée « Barkhane ».
Aujourd’hui encore, le petit avion bimoteur circule entre Gao, Kidal, Tessalit, Menaka, dans le nord du Mali, une région meurtrie par les groupes djihadistes combattus par les soldats français et les armées coalisés au sein du G5 Sahel. Désormais, on ne l’aperçoit plus sur les réseaux sociaux d’un DJ branché, mais sur le site Web d’Air Attack et les images de cyberpropagande de djihadistes du Sahel, qui, selon un membre de la société, l’ont identifié comme une cible à abattre.
Un hangar banal sur l’aéroport de Marseille-Provence. C’est là que se trouve le siège d’AAT. Des locaux modestes partagés avec Aeromecanic, la société qui a opéré l’avion de MusicAir, loué six ans durant pour un peu plus de 1 300 euros hors taxes l’heure de vol. Ensuite, AAT obtient un marché d’affrètement aérien dit tactique pour le compte de « Sabre » – les forces spéciales françaises au Sahel – qui consiste à fournir des vols de transports de troupes entre les bases installées dans la région.
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