comment la Vénétie parvient à ralentir les progrès de l’épidémie

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A Venise, le 18 mars.
A Venise, le 18 mars. ANDREA PATTARO / AFP

C’est l’histoire d’une bataille en passe d’être gagnée, mais que l’ampleur du drame en cours éclipse chaque jour un peu plus. Le premier mort de l’épidémie de coronavirus en Italie s’appelait Adriano Trevisan. Cet homme de 77 ans, décédé le soir du 21 janvier, vivait à Vo’Euganeo, en Vénétie. Dès le 23, les 3 000 habitants de ce bourg de la province de Padoue ont été confinés dans une « zone rouge », comparable à celle qui se mettait en place autour de dix communes de la province de Lodi, voisines de Codogno, en Lombardie. Fin février, on comptait 66 personnes infectées dans la zone. Aujourd’hui, il n’y en a plus que 6, et depuis une semaine, aucun nouveau cas n’a été enregistré.

Lors d’une conférence de presse organisée lundi 16 mars, le président de la région Vénétie, Luca Zaia, a expliqué la recette de ce succès : « A Vo’, nous avons testé tout le monde. Maintenant, Vo’ est l’endroit le plus sain d’Italie », a-t-il affirmé. « C’est la preuve que le système des tests fonctionne, a-t-il tenu à souligner. Ici, on a eu les deux premiers cas, et nous avons testé tout le monde, même si certains médecins nous disaient que c’était inutile. Sur 3 000 tests, nous en avons trouvé 66 positifs, puis on les a isolés 14 jours. A la fin, nous avons refait les tests et il restait encore 6 positifs… » Aujourd’hui, Vo’ semble sorti d’affaire. Et Luca Zaia ambitionne de lancer un grand plan de dépistage à l’échelle de la région.

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Bien sûr, la situation géographique du premier foyer de Vénétie explique en grande partie ce succès dans la lutte contre l’avancée de la pandémie. Vo’, 3 000 habitants, est situé au sein du parc régional des Colli Euganei, à une trentaine de kilomètres de Padoue. Autrement dit, l’endroit est très facile à confiner. Rien à voir avec l’autre « zone rouge » des débuts de l’épidémie, ces dix communes de Lombardie imbriquées dans un très dense tissu d’industries et de communications, regroupant 45 000 habitants au total, et à partir de laquelle la contagion s’est répandue dans tout le reste de l’Italie. Et sans doute les profils des premiers malades diagnostiqués en Vénétie, des retraités plutôt sédentaires, facilitait-il les enquêtes épidémiologiques qui ont été menées à Vo’.

« Pour avoir une tendance, il faut attendre une semaine »

Reste qu’au-delà de cela la politique menée par les autorités sanitaires de Vénétie pourrait être riche d’enseignements pour l’Europe entière. En effet, si elle s’appuie, comme partout ailleurs en Italie, sur des mesures de confinement – appliquées ici avec la plus grande rigueur –, elle ne se contente pas de cela. Elle mise sur les tests pour détecter au plus vite les cas positifs, même sans symptômes – ces derniers étant d’importants propagateurs de la maladie. Un rapide comparatif avec la Lombardie permet de prendre conscience de la différence d’approche. En Lombardie (10 millions d’habitants), plus de 50 000 tests (révélant 20 000 cas environ) ont été réalisés, contre 45 000 en Vénétie (4,9 millions d’habitants, dont 3 500 positifs). Au soir du 19 mars, dans les deux régions, on comptait respectivement 2 168 et 115 morts…

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