[clicazot] L’Histoire pour connaître le passé, comprendre le présent et se projeter dans l’avenir

0
102

[ad_1]

« Pour une histoire de l’esclavage collective française sans déni ni accusation historique »

 

« Comment comprendre que dans les locaux de l’Assemblée nationale, une salle porte encore le nom de Colbert ? » Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage appelle dans une tribune publiée dans le Monde à la rebaptisation des lieux de nos institutions françaises portant le nom de Colbert.

 

Trouver un autre nom pour ces lieux s’inscrit, du moins pour lui, dans une perspective d’apaisement des mémoires dans notre contexte où les luttes contre le racisme, des discriminations et les violences convergent et vont au-delà de la dénonciation d’actes violents et symboliques.

 

Ces luttes demandent aujourd’hui une éradication des sources profondes du racisme en passant par exemple par le déboulonnement des statues d’esclavagistes partout dans le monde. Le rapport que nous entretenons avec le passé esclavagiste et colonialiste de la France est aujourd’hui une question au cœur du moment historique que nous sommes en train de vivre.

 

Cependant, ne nous méprenons-nous pas : le présent n’est pas aucunement là pour accuser l’histoire, bien au contraire. Fort du passé, fort de cette histoire, le présent doit nous permettre d’être dans une intelligence collective afin de mieux aborder le futur.

Un futur apaisé qui se dirige vers la paix des mémoires et une orientation politique qui fait société et humanité et non discorde sur des évènements sur lesquels nous n’avons plus prise et que nous ne saurions changer. Les enjeux de connaître et de comprendre le passé sont de renforcer les racines, d’éviter les clichés, de rompre avec la reproduction négative et de contribuer à construire le savoir.

 

Enlever les statues, les détruire, changer les noms de lieux, des espaces qui portent le nom de ces hommes qui ont participé à ces crimes contre l’humanité répond d’une volonté compréhensible. Notre époque ouvre l’ère d’une génération qui s’éveille face à ces crimes. Et même si quasiment deux siècles se sont écoulés depuis 1848, les séquelles de l’esclavage font encore parler d’elles à travers des inégalités et beaucoup tropde comportements racistes à l’encontre des «Noirs » en particulier.

 

Car, malgré les nombreuses politiques menées pour enrayer les images négatives véhiculées sur le « Noir », il y encore beaucoup de pas à franchir pour tendre vers une unité qui signe le vrai vivre-ensemble, la diversité culturelle et la reconnaissance de l’humanité de l’être humain.

 

Si la statue de Victor Schoelcher est abattue en Martinique, c’est que le mythe shoelcheriste qui présente l’homme providentiel, libérateur des esclaves et abolitionniste dans le discours officiel français n’est plus et pas accepté. Aujourd’hui, Schoelcher incarne à leurs yeux l’homme qui a amené le début de l’ère colonialiste dans les Outre-Mer.

 

À La Réunion, cette période douloureuse remonte encore à la surface avec une question qui fait polémique : faut-il déboulonner la statue de Mahé Labourdonnais près de la Préfecture de Saint-Denis ?

 

Que faire ? Et là les questions animent les débats !

 

La France se doit de continuer à assumer son histoire, non pas l’effacer, ni la nier.

Elle doit se charger de traiter officiellement cette mémoire méconnue voire taboue.

Les noms liés à cette histoire qui font l’objet de notre quotidien sont à éclairer.

Combien de rues, de statues, de lieux publics portent les noms de Colbert, de Mahé Labourdonnais et bien d’autres ? Leur rôle doit être directement explicité, si ce n’est d’abord par commencer à compléter les plaques qui les décrivent, pour ne pas omettre cette partie de l’histoire souvent omise ou mise de côté.

 

Il est donc nécessaire de continuer de donner plus de visibilité, de sens, de clarté à la connaissance de ce pan de cette histoire qu’est l’esclavage.

 

Tant que l’histoire de l’esclavagisme et du colonialisme ne sera pas suffisamment racontée, expliquée, transmise par les historiens, et autres structures républicaines et associatives, cette mémoire sera toujours ambiguë.

 

De facto, certains Hommes politiques qui voudront instrumentaliser cette histoire à leurs fins ne cesseront pas, les luttes contre le racisme ne cesseront pas, les revendications pour déboulonner les statues d’esclavagistes et colonialistes ne cesseront pas et créeront des conflits.

 

Mais il demeure capital de se souvenir qu’il ne nous appartient pas de juger l’histoire mais qu’il est tout simplement de notre devoir de contribuer à la faire connaître afin qu’elle soit une source de revendications tournées vers l’avenir afin d’apporter des éléments de réponses pour une société plus juste, égalitaire, solidaire et inclusive.

 

Nous ne devons pas fuir l’histoire, nous devons l’assumer pour ne plus perpétuer les inégalités issues de l’esclavage.

 

 

Cette histoire qui ravage lorsqu’elle refait surface, cette histoire divise et fait naître des rancœurs chez les descendants d’esclaves sans pour autant se laisser instrumentaliser en ne faisant que montrer un passé douloureux mais lointain, contre lequel plus rien n’est à faire, et ce faisant en omettant de se tourner vers un avenir pour lequel il est encore possible d’agir.

 

Pour mieux construire demain, certains noms qui ne sont plus légitimes pour représenter les valeurs de la République sont-ils à enlever comme le souligne le président de la Fondation de la mémoire de l’esclavage et de la traite négrière Jean-Marc Ayrault ?

Pour mieux construire demain, enlever la statue de Labourdonnais serait un déni d’histoire qui engrangerait un oubli collectif ?

Pour mieux construire demain, le rôle des hommes comme Labourdonnais, Colbert ne doit-il pas être explicité officiellement ?

Pour mieux construire demain, d’autres statues ne doivent-elles pas être érigées afin de représenter la multiplicité des acteurs qui étaient impliqués dans cette histoire douloureuse ?

À La Réunion, l’histoire de l’esclavage, de la résistance, du marronnage ne doit-elle pas aussi être davantage mise en lumière ?

 

En effet, pour mieux construire demain, ne faut-il pas ériger face aux Labourdonnais que nous avions connus, des Heva, des Anchaing et bien d’autres, des femmes et hommes des Lumière qui ont combattu courageusement l’esclavage, qui se sont réfugiés en brandissant l’étendard de la liberté dans les montagnes pour fonder une famille et vivre librement, dignement ?

 

«Refuser la discussion, l’échange, la réflexion revient à perpétuer l’injustice. »

Pour mieux construire demain, il ne faut ni accuser l’histoire ni cacher les vérités historiques.

Pour mieux construire demain, il faut aller jusqu’au bout de la réparation de ce passé esclavagiste et colonial, «affronter le racisme, réparer l’histoire »

Au delà de ce débat compliqué, notre regard doit se tourner positivement vers l’avenir, pour ne citer que Thomas Piketty, économiste contemporain, lorsqu’il s’exprime au sujet des réparations des dégâts du racisme et du colonialisme, il recommande « un nouveau système économique avec pour fondement la réduction des inégalités et un accès égalitaire de toutes et tous à l’éducation, à l’emploi et la propriété. »

 

Pour mieux construire demain, il faut probablement cesser de focaliser l’énergie mobilisatrice de chacun contre des faits appartenant au passé mème si nous pouvons le comprendre chez certains  !

Ces faits révolus peuvent devenir des sujets de discordes et de mouvements sociaux qui s’obstinent à lutter contre ce passé, cet « ennemi » d’outre tombe. Néanmoins, la grandeur des moments de ce passé n’a d’égale que la volonté parfois masquée mais pourtant présente de créer des guerres, sans armistices possibles, pour éviter de mener des combats indispensables.

« Pour connaître et penser il faut distinguer et relier et non séparer et réduire. Toute connaissance sur l’appréciation des situations, est une traduction suivie d’une reconstruction. Tout dépend de la perception et de la traduction que l’on fait dans un lieu donné, un espace temps défini,

et de la diversité culturelle et identitaire d’une population concernée »

 

Nous devons honorer la mémoire de nos ancêtres esclaves. Nous devons nous inspirer de notre histoire mais nous devons à tout prix éviter de siéger dans des tribunaux qui montrent du doigt et divisent au moment où, plus que jamais, nous avons besoin, non pas de détruire mais de construire.

 

En tant que descendante d’esclave, professeur d’histoire, élue à la culture, je ne peux que me réjouir de voir autant de personnes rassemblées autour d’une cause et de valeurs communes. Néanmoins, il me semble primordial d’insister sur le fait que cette cause ne doit en aucun cas nous éloigner des uns et des autres, nous diviser et se limiter à la forte symbolique certes du déboulonnage de statues de femmes et d’hommes, qui ont eu leur part d’ombre mais qui ont aussi fait la France, au détriment de tant d’autres statues qu’il nous reste à ériger autour de combats à mener dans un présent palpable pour un avenir certain.

 

De cette période de l’histoire aucun de nous n’a été témoin et pourtant elle continue de nous hanter. Mais nul d’entre nous, s’il n’a vécu cette période, ne saurait dire quels auraient été ses actes s’il avait vécu à cette époque? Nos actes auraient-ils été tous louables ou alors aurions-nous, nous aussi, pris part au développement de ce système inique et servile?

 

Aujourd’hui, plus que jamais, ne nous soumettons pas au fouet de la rancune et de la rancœur. Apprenons, non pas à accepter, mais à pardonner. Pardonner pour se libérer d’un poids historique très lourd dont nous ne sommes, je le rappelle, que des rapporteurs mais pas des acteurs ou des témoins et mettons toute notre énergie créatrice au sein d’une entreprise de construction historique nouvelle d’égalité et de reconnaissance de chacun dans ce qu’il a de plus enrichissant à offrir : sa différence.

[ad_2]

Source link

clicanoo

Have something to say? Leave a comment: