Claudia Andujar, premiers contacts avec les indiens Yanomami

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CLAUDIA ANDUJAR/ Galeria Vermelho

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Sur les traces de Claudia Andujar (3/6). La photographe et militante brésilienne, célébrée en décembre prochain par la Fondation Cartier, à Paris, découvre cette population amazonienne au tout début des années 1970. Une rencontre qui va bouleverser sa vie et son travail.

L’aube n’a pas encore percé la maloca (maison collective). Dans la pénombre, la fièvre ronge son corps courbaturé. La nuque posée le long du hamac, le front recouvert de glace, Claudia Andujar se sent glisser dans les limbes. Elle n’a plus peur de la mort, persuadée qu’en finir est parfois préférable à la souffrance. La maudite malaria, une fois de plus, fait chavirer la photographe. Sans doute l’a-t-elle attrapée quelques jours plus tôt, lors de la chasse où elle a accompagné des Yanomami, les indigènes d’Amazonie. Pendant de longues heures, la femme suisse, élevée en Transylvanie, qui a adopté le Brésil comme une mère son enfant, se laisse porter par les pas des Indiens, suivant les chemins tapissés de feuilles mortes, le visage perlant de sueur, le corps démangé par les moustiques, la chevelure assaillie par les macaques. Marchant mécaniquement, elle laisse divaguer ses pensées.

« Je me voyais enfant en Europe. Une Europe en guerre habitée par une petite fille qui tentait désespérément de se lier à quelqu’un. Aimer et être aimée, être écoutée était le souhait de mon enfance. Et je n’ai pas réussi, écrit-elle dans ses carnets de voyage. La marche me nettoyait. La chaleur, la sueur, l’épuisement, le bruit sourd des pas. Je me sentais en paix, intégrée à la forêt, à moi-même. Peu importait où nous allions et combien de temps nous allions marcher. Je m’étais trouvée. J’avais l’essentiel. »

Pour une fête, les hommes invités portent des plumes de faucon. Photo extraite de la série « O reahu ») de  Claudia Andujar 1974.
Pour une fête, les hommes invités portent des plumes de faucon. Photo extraite de la série « O reahu ») de  Claudia Andujar 1974. Claudia Andujar/Galeria Vermelho

Dans quelques heures, la photographe, encore fiévreuse, quittera ce peuple qu’elle vient à peine de connaître. Nous sommes au tout début des années 1970. La Jeep l’attend à Caracarai, petite ville au fin fond de l’Amazonie. Il lui faut rejoindre la « civilisation ». « Dans ce monde où je suis née et où j’ai grandi, j’ai appris que pour être respectée il me fallait sourire avec un visage propre et un regard optimiste. » Son sac est prêt. Claudia Andujar part sans faire d’adieux. Son départ n’en est pas un. Elle reviendra. La mort a cessé de la hanter. Sa rencontre avec les Yanomami a bouleversé sa vie. Elle est ici chez elle.

« Les Yanomami parlaient sans cesse d’elle. Elle était très populaire ! Ils l’appelaient “Napëyoma”, “la femme blanche” »
Bruce Albert, ethnologue

« Je voulais me dédier à eux. » Depuis son appartement de Sao Paulo, perché tout en haut d’un immeuble moderniste, la photographe de 88 ans fait le récit de son aventure. Une vie. Les murs, tapissés de souvenirs de ses périples chez les Yanomami, rappellent au visiteur ce peuple à qui elle a consacré son art et dont elle contribue à assurer la survie. Elle verse 30 % des recettes obtenues de la vente de ses tirages à ceux qu’elle appelle « ma famille ».

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