Claudia Andujar face à la « périmétrale nord », boulevard de la mort

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CLAUDIA ANDUJAR/ Galeria Vermelho

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Sur les traces de Claudia Andujar (4/6). En 1973, la photographe brésilienne, célébrée en décembre prochain par la Fondation Cartier, à Paris, se mue en activiste pour tenter de préserver les Indiens yanomami des ravages de la civilisation qu’annonce cette nouvelle route traversant l’Amazonie d’est en ouest.

Ils sont une quinzaine à peine. Epuisés, malades, mais fiers. Revêtus de leur uniforme de chantier, les ouvriers et ingénieurs brésiliens se sentent tels des héros bravant la forêt pour apporter le progrès. En cette fin 1973, la moiteur suffocante de l’été tropical renforce leur stature d’aventuriers quand ils tombent nez à nez avec les indigènes. Le tracé de la BR-210, dite « perimétrale nord », qui entend relier l’Amapa, Etat frontalier de la Guyane française, et la Colombie, frôle des tribus indigènes qui n’ont été que sporadiquement contactées par les Blancs. Peu importe. Ces centaines de kilomètres de route, traversant d’est en ouest la jungle épaisse, doivent faire entrer le Brésil dans le « premier monde ». Et les indigènes ont la réputation d’être conciliants.

« Un groupe d’environ cinquante Indiens nus, gesticulant et parlant beaucoup mais avec des démonstrations d’amitié, a été rencontré par les ouvriers qui construisent la route “Perimetral Norte”, près de Caracarai. Les Indiens leur ont offert des flèches et des colliers, et ils ont reçu des hamacs. Le groupe de travailleurs a été conduit au chef de la communauté – installée exactement sur le tracé de la route –, mais ils n’ont pas pu comprendre quoi que ce soit de ce qu’il leur a dit. Ils ont cependant compris que les Indiens ne leur veulent pas de violence, bien qu’ils soient grands et forts », relate, en novembre 1973, le quotidien O Estado de Sao Paulo.

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Le frère Carlo Zacquini qui, depuis 1965, occupe la mission catholique Catrimani, jouxtant les terres yanomami, assiste à la scène. C’est le premier acte d’une tragédie qui décimera peu à peu la population indigène. « Les vêtements des ouvriers étaient sales et déchirés, pourtant ils regardaient les Yanomami comme s’il s’agissait de pauvres hères. Ils avaient quelque chose de pathétique », raconte le religieux.

Maloca, auvent circulaire, habitation des Yanomami, près de la mission catholique Catrimani, en 1976 (film infrarouge).
Maloca, auvent circulaire, habitation des Yanomami, près de la mission catholique Catrimani, en 1976 (film infrarouge). ©Claudia Andujar/Exhibition The Yanomami Struggle/Instituto Moreira Salles

A la merci de l’Etat

L’arrivée des troupes chargées de délimiter le tracé de la route transamazonienne ne surprend guère le missionnaire. Le projet fait partie des plans du général Emilio Garrastazu Medici. A la tête de l’Etat, ce dernier entend amener par cette route la « civilisation », faire croître les richesses et développer l’agriculture sur les terres « vides » de l’Amazonie. Il s’agit aussi de freiner l’avancée du communisme dans la région. « Une terre aussi riche que celle-ci ne peut se donner le luxe de laisser une demi-douzaine de tribus d’Indiens entraver son développement », expliquera, quelques années plus tard, le colonel Pereira, gouverneur de l’Etat Roraima, où vivent la plupart des Yanomami.

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